C'est lorsque j'étais adolescente, étudiante à Paris en Arts Appliqués que j'ai connu les films de Jean Rollin.
Je faisais des études assez complètes en Histoire de l'Art, en dessin, en graphisme et bien sûr en photographie en me spécialisant dans le domaine du fantastique/horreur pour le cinéma, mais aussi dans le domaine médical comme photographe en anatomie humaine et comparée.
Durant mon temps libre, je visitais des musées et allais beaucoup au cinéma voir des films fantastiques et d'horreur.
Je me souviens qu'en seconde année, je me spécialisais déjà dans la prise de vues photographiques d'anatomie. Nous devions en tant qu'étudiants nous documenter sur le sujet en allant voir des films traitant du sujet dans divers spécialités [films fantastiques, d'horreur voire gore, historiques…] et aller dans les musées traitant du sujet ; [Musée Dupuytren, Musée de la Médecine, Musée Delmas-Orfila-Rouvière, Musée de la Police, Muséum d'histoire naturelle…, les expositions traitant du sujet à travers le temps, chirurgie, autopsies…], ainsi que les livres et documents, il n'y avait pas comme aujourd'hui, internet qui facilite beaucoup les choses en matière de recherches sur le sujet à condition, bien sûr de savoir se servir de ce formidable outil.
En juillet 1981, est sorti en France, un film à l'époque interdit aux moins de 18 ans ; La maison près du cimetière de Lucio Fulci, aux Cinéma Artels sur les 4 Chemins d'Aubervilliers en Seine Saint-Denis 93. Je m'y rendais alors, avec une camarade qui aimait bien aussi se faire des frayeurs… Nous avions par la suite, vue L'éventreur de New York du même Lucio Fulci, Tenebræ de Dario Argento sorti en 1982 et bien sûr les films de Jean Rollin ; La morte vivante, Les raisins de la mort, Lèvres de sang…, et bien d'autres films d'horreur, gores….
Avec ma camarade, je me souviens que la salle de cinéma était bondée. A cette époque-là, il y avait bien plus de spectateurs qui se rendaient volontiers voir un film flippant même en après-midi. Le film étant interdit aux moins de 18 ans lors de sa sortie en salle, ma camarade et moi étions mineures, mais nous parvînmes à entrer…
Nous avons dû nous asseoir sur des strapontins car plus un fauteuil de libre.
Le noir se fît dans la salle et pas un bruit, un silence de mort…
Sur l'écran, une stèle tombale en gros plan, puis déplacement du cadre de la caméra en plan large sur une maison ancienne de type bostonien XIXè siècle, c'est une nuit italienne c'est-à-dire, vraie nuit. Une musique d'ambiance étrange et angoissante ainsi que le cri d'un chien hurlant accompagnent la caméra qui panneaute vers une ancienne maison, laquelle laisse apercevoir un étrange faisceau lumineux se déplaçant à l'intérieur dans l'obscurité.
Changement de plan, intérieur de la maison, cadre sur ce qui semble être une tombe vue an plan rasant à l'envers, sur laquelle apparaissent une croix gravée ainsi qu'un nom sur la dalle tombale. Changement de cadre de la caméra de la dalle tombale où une jeune fille assise se rhabille cherchant et appelant son compagnon, Steve.
L'ambiance de ce film dès les premières minutes est très oppressante et angoissante.
La caméra suit la jeune femme qui se lève et se déplace dans les pièces de cette maison qui semble abandonnée, en plan très large, cherchant son compagnon, alors que des bruits de grincements, de pas et des bruits nocturnes se font entendre accompagnés de cette musique d'ambiance.
A mesure que la jeune femme se déplace, la caméra cadre sur son visage qui au fur et à mesure reflète de plus en plus l'angoisse et la peur… Une présence indéfinissable est perceptible… Des pas… Des grincements… Le cri d'un chien hurlant dans la nuit, le tout dans une pénombre suffisante cependant pour distinguer la scène… Changement de plan sur la jeune femme, qui cherche du regard… Contrechamp sur un plan large d'un faisceau lumineux se déplaçant à l'intérieur de la maison, et toujours les grincements et une musique faisant monter la pression… Plans généraux sur la jeune femme se déplaçant dans la demeure et appelant son ami, des pas se font entendre, puis soudain, changement de cadre sur son visage, la sueur perle…, entendant une porte s'ouvrir, elle se tourne et pousse un hurlement voyant avec horreur, changement de cadre, contrechamp et rapproché dans l'axe de la caméra, sur son compagnon cloué sur une porte avec des instruments chirurgicaux, zoom sur les ciseaux chirurgicaux plantés dans le thorax du jeune homme.
Plans rapprochés sur le visage hurlant de la jeune femme et un bras horrible brandissant un couteau s'abaisse à l'arrière de la tête de la jeune fille, plans cuts de son profil sur lequel lui sort par la bouche, la lame du couteau, puis elle s'effondre au sol, visage de profil, la lame du couteau lui sortant par la bouche ensanglantée sur son cri désormais muet. Cadre moyen de la caméra sur le profil de la jeune fille décédée, au sol, la bouche en sang avec la lame du couteau et sa main gauche portant une petite bague…
Zoom de la caméra sur sa main et la petite bague…
Musique d'ambiance qui va bien…
Changement de cadre sur les pieds du cadavre et une main jeune attrapant un pied et une autre main, horrible, en putréfaction saisissant l'autre pied du corps, l'on entend une espèce de respiration infernale. Les deux mains saisissent et trainent le corps de la jeune femme assassinée, laissant une traînée sanglante vers une ouverture qui semble être l'accès à une cave.
La porte de la cave se referme…
Début du générique du film…
Le monstre n'est pas visible durant pratiquement tout le film, sauf sur les plans finaux. Et ce qu'il y a de décalé, est que la créature semble émettre des pleurs d'enfants.
Nous avions ma camarade et moi tellement eu peur durant ces trois premières minutes du film, que nous décidâmes de sortir de la salle de cinéma et d'aller voir quelque chose qui nous sorte de cette terreur qui nous avait saisi au ventre et nous habitait, en allant voir…
Alice au pays des merveilles de Walt Disney.
Aujourd'hui encore, je ne suis pas parvenue à chasser les images horrifiques et de cauchemar, tant ce film m'a terrorisé.
Très bien filmé, graphique, très sanglant, l'histoire se tient de bout en bout et revêt un caractère très original dans le traitement du sujet : régénération tissulaire avec décalage dans le temps, d'un médecin du XIX ème siècle radié à vie pour avoir tenté des expériences interdites et qui survie à travers le temps depuis son antre intemporel qu'est la cave où il se terre pour se faire des greffes et régénérer ses tissus et cellules à partir de ses victimes venant habiter la maison.
La fin du film laisse un sentiment de malaise et est étrange…
Tout dans ce film que je n'ai pu visionner que par petits bouts, montre des acteurs très bons et une mise en scène excellente.
Un vrai film d'horreur.
J'ai raconté cela à mon ami Jean Rollin des années plus tard… Jean était très étonné que je puisse encore lui raconter le début du film avec autant de précisions telles que je l'ai décrit ci-dessus.
Mon ami Pascal Françaix à eu la gentillesse de me faire une copie de sa VHS, et Jean Rollin m'a offert le DVD quelques années plus tard, quand mon ami Daniel Gouyette m'offrait à son tour la version collector.
Ci-dessous l'extrait du film La maison près du cimetière de Lucio Fulci disponible à la vente.
Editions Neo Publishing.
Je me souviens avoir dit à Jean et Daniel tout en les remerciant que jamais je ne parviendrais à voir ce film dans son entier d'un seul tenant tant il m'avait terrifié.
J'ai vu par la suite bien des films fantastiques, d'horreur, gore, voire pire, mais celui-là, m'a terriblement impressionné. C'est en compagnie de mon ami Jean Rollin que j'ai pu visionner le film un après-midi à son domicile, mais en me masquant souvent les yeux et me bouchant aussi les oreilles, car la bande son est aussi effrayante que le film lui-même.
Jean voulait comprendre ce qui m'avait tant terrifié.
La réaction de Jean, n'a pas été la même évidemment, en tant que professionnel de l'image, cinéaste-écrivain, spécialisé dans le fantastique, mais il avait tout à fait compris ma terreur d'autant que la première fois, j'avais 16 ans quand j'ai voulu voir ce film.
Jean m'avait dit d'ailleurs qu'il n'était pas sensible au gore pure et gratuit comme c'est le cas dans certains film, ce qui n'est pas le cas avec le film de Lucio Fulci, La maison près du cimetière. Je suis assez d'accord avec Jean Rollin, il évoque cela notamment dans un sujet tourné par France3 Limousin durant le tournage de La nuit des horloges en 2006.
J'ai eu mon diplôme d'Etat aux Beaux-arts de Paris à l'âge de 18 ans et demi en 1982, (équivalence universitaire Bac+5), et j'ai exercé dans un premier temps comme photographe de bloc opératoire dans le service communication au sein de l’Hôpital Henri Dunant pour le compte de la Croix Rouge Française.
Je garde de cette expérience, un merveilleux souvenir. Des gens formidables, d’une très grande gentillesse patients et surtout, humains à l’écoute de ceux qui souffrent vraiment.
Lorsque mon contrat prit fin à La CRF, en accompagnant une amie d'enfance à un rendez-vous dans le quartier du Marais à Paris, (12, rue des Lions-Saint-Paul 75004 Paris), je fis la connaissance d'un éditeur, Charly le Bouil des éditions NDLR qui avait en projet de publier un ouvrage de Jean Rollin ; Enfer privé, et qui me communiqua les coordonnées de Jean Rollin. Cela se passait en septembre 1990.
Je rencontrais alors Jean Rollin à son domicile ; 69, rue Haxo, Paris 75020, et le contact pris tout de suite. Je fus enchantée de rencontrer un monsieur tout en simplicité vivant dans un univers dont j’étais bien loin d’imaginer le décor que je découvris alors. Des livres en grand nombre, des bibelots, tout ayant un rapport avec le monde du fantastique, des produits dits dérivés du cinéma…
J'étais loin de penser lorsque j'étais étudiante de connaître un jour ce grand monsieur, gentil et généreux qu'était
Jean-Michel Rollin Roth le Gentil.
Nous sommes devenus amis et avons commencé à collaborer ensembles. Je fis mon entrée dans le cercle de la société de Jean Rollin ; Les Films ABC s.a.™ dans un premier temps, comme photographe de plateau.
Par la suite, je devenais son administratrice et sa responsable de fabrication en éditions, nous avions fait ajouter aux statuts de la société Les Films ABC™, Editions Films ABC™.
Jean avait créé sa société en 1962 pour les besoins de production d’un de ses premiers longs métrages ; Le viol du vampire sorti en 1968 durant les événements de mai.
En France, pour produire un film que cela soit un court métrage ou un long métrage, il est nécessaire d’avoir sa société de production. Autrement c’est très compliqué, et parfois impossible d’obtenir ne serait-ce que le visa d’exploitation d'un film.
Je découvrais alors Jean Rollin, l’auteur.
Je fus transporté à la lecture de ces deux premiers ouvrages, surtout par Les demoiselles de l'étrange où j'avais la nette impression en lisant cette fabuleuse histoire où deux jeune filles confrontées à mille et une aventures et créatures effrayantes et fantastiques nées de mythes et légendes, que les caractères qui composaient le texte du livre s'effaçaient pour laisser place à un écran de cinéma remplaçant la page du livre où je pouvais découvrir en images, les aventures d'Estelle et Edwige, les héroïnes Des demoiselle de l’étranges.
Chaque fois que je lisais une histoire de Jean Rollin, par la suite avant même sa publication puisque je travaillais sur les textes et les projets de couvertures de ses ouvrages, j’avais l’impression de voir un film.
Je fis mon premier court métrage en 1991 sur un film pilote tourné en vidéo ; Détectives de charme, prévu pour la télévision, mais qui fut inachevé. Le film n'existe donc pas et n'est pas disponible en vidéo.
Il n'existe que quelques photos que j'ai faite.
Je me souviens que c'était pour moi extraordinaire que d'entrer dans le vrai monde du cinéma grâce à Jean Rollin. C'était un homme très gentil, généreux et patient. C'est là que Jean m'enseigna ce qu'il manquait à ma formation de base de l'image comme photographe.
Le cadrage d’une image proprement dite en fonction de l’axe de la caméra et bien sûr, les premiers aperçus de ce qu’est un montage de film, sa pré-production, le tournage proprement dit et sa post-production.
Plus tard, il y eu d'autres projets d'écriture.
Jean m'avait demandé si je pouvais l'aider quant à la publication de son ouvrage Enfer privé aux éditions NDLR.
Je me suis vite rendue compte que cela ne se passait pas comme Jean le souhaitait et c'est de cette façon que je pris en quelque sorte les choses en main, car ma formation de base implique également la connaissance de la chaîne graphique ; je sais donc comment se fabrique un livre. Nous ne disposions pas encore d'équipement informatique, et ce fut la dernière fois que je fis une maquette et apportais les corrections en mode dit traditionnel. J'acquis par la suite mon premier ordinateur personnel, un Macintosh LCII, bien vite remplacé par des models plus performants du fait de mon métier de photographe ayant besoin de matériel plus puissant.
L'ambiance était vraiment sympa. Rien à voir avec le fait de travailler dans un environnement froid avec un chef au-dessus de son épaule en train d'épier ce que l'on fait, non, Jean n'était pas du tout comme ça. PDG de sa société Les Films ABC™, certes, mais loin de ces hommes d’affaire en costume-cravate faisant l’important. Non, Jean était passionné par l’écriture et le cinéma, par son métier de cinéaste-écrivain, et je partageais cette passion.
C’était vraiment fantastique de voir comment lors d’une discussion, l’idée d’une histoire, se transformait en notes que Jean prenait dans un petit carnet, puis trouvait la documentation des lieux et décors nécessaires à ce projet qui se transformait en live sous mes yeux, en scénario de film ou en projet de roman.
Il était fier d’avoir sa société de production parce qu’il pouvait se produire lui-même sans avoir à se justifier sur les choix de ses films ou ses orientations.
Il faut savoir qu’avant même les repérages décors ou le choix de l’équipe technique, du casting d’un film, soient décidés, la naissance d’un film commence avant tout par l’écriture pour ne pas dire le verbe.
J’ai par la suite, vu bien souvent lors de discussions endiablées avec Jean, les projets prendre forme tant dans l’écriture puisque j’en montais les maquettes de livre et faisais les photos et comment prenait forme le projet d’un film par l’écriture d’un scénario.
C'est très compliqué de monter un plan financier pour faire un film, qu'il soit court ou long métrage, ou pour fabriquer un livre.
C'est rare de le voir en vrai et passionnant aussi.
Je peux dire que j'ai vue les vraies coulisses du cinéma, ce que le grand public est loin d'imaginer sorti des images d'Epinal sur ce que l'on peut savoir d'un tournage de film.
Notre complicité était vraie sans fausses notes.
Comme me l'a dit mon amie Janette Kronegger que j'ai vu récemment à Trouville-sur-mer en août 2013, Jean était sans équivoque. Jamais il n’y a eu entre Jean et moi d’histoires salaces ou de rapports malsains et déplacés. Nous étions comme frères et sœurs. Ce que j'ai pu me rendre compte plus tard, puisque j’étais devenue aussi son administratrice à sa demande, Jean me témoignait une très grande confiance. Il y eut ensuite, d’autres projets de films qui hélas, comme beaucoup n'ont pas vu le jour, faute de moyens financiers, tout comme certains ouvrages littéraires.
Il est très difficile en France de faire un film seul ou un livre. Que cela soit dans l'industrie du cinéma ou celle de l'édition, il faut très souvent un partenaire financier, je le sais de métier et d'expérience.
J'ai accompagné bien souvent Jean à des rendez-vous pour obtenir les crédits nécessaires, mais cela ne fonctionnait pas toujours, ce qui fut le cas pour ce projet de scénario Le retour de Dracula, ainsi que pour un autre projet destiné à la télévision pour une série à épisodes ; La griffe d'Horus, ou encore quelques années plus tard, entre La fiancée de Dracula tourné en septembre 1999 et La nuit des horloges en 2006, dont la préparation avait commencé en 2003 en même temps que Jean commençait à poser sur le papier, ses mémoires ; MoteurCoupez ! ; La nuit de Walpurgis sur le thème du loup-garou, projet très cher à financer, mais merveilleux scénario de film.
Jean Rollin finançait tout ou partie de ses projets de films ou de livres, seul ou en partenariat.
Ce qui explique les co-productions ou co-éditions.
Et puis nous avons fait la connaissance d'un autre partenaire Michel Gué devenus un ami, hélas disparu en 2005, qui se trouvait être vendeur de films pour le compte de la société Gaumont, il me semble, et qui s'était établi à son compte.
Cela se passait en 1992.
Sur le générique apparait le ©1989.
Cela s'explique par le fait que tous les documents nécessaires à la fabrication de ce projet de film avaient été déposés au CNC et autres organismes d'Etat en 1989.
Le dossier était complet, jusqu'au visa d'exploitation, mais pas de film.
Jean entreprit alors d’écrire un synopsis puis un scénario pour ce film, car dans les documents, la trame était un genre policier.
J’explique dans le site que je consacre à Jean Rollin
comment prit naissance le tournage du film Killing car.
Les repérages photos des décors se sont fait quelques semaines avant le tournage. Nous disposions de peu de temps et d’un budget restreint, c’est la raison pour laquelle le tournage s’est déroulé sur 15 jours en novembre 1992 par un froid sibérien et que les scènes raccord ont été faites en cinq jours en janvier 1993. Le casting comportait peu de gens professionnels du métier mis à part, Jean-Loup Philippe, qui lui, est un vrai acteur de cinéma et qui a joué dans plusieurs films de Jean Rollin et dans de nombreuses pièces de théâtres.
Il a été aussi une des voix de France-Culture.
Jean-Loup Philippe est par ailleurs le créateur/fondateur du Domaine poétique, 1962.
C’est sur ce tournage que je fis la connaissance de Jean-Loup Philippe, engagé comme comédien et coach sur le tournage. Ce qui n'a pas été une sinécure pour lui.
Il m’impressionnait beaucoup à l’époque et je me souviens ne pas avoir été très sympa avec.
Mais lui, était très gentil.
Je fis aussi la connaissance de Janette Kronegger, notre chef monteuse aux talents incroyables. Jean n’avait pas besoin de se rendre en salle de montage pour indiquer à Janette ce qui était à faire, d’instinct Janette savait ce que Jean souhaitait.
L’équipe des Films ABC était en parfaite symbiose.
Tout se passait en parfaite harmonie.
C’est Janette qui m’a montré ce qu’était un montage pellicule en super 16. Et encore aujourd’hui, son instruction m’est toujours utile. C’est Janette qui m’en a appris les subtilités. Et Jean qui m’avait conseillé de voir le montage du film Killing Car.
Je n’avais jamais l’impressions de travailler, mais d’être en vacances, bien que parfois nous avions des journée harassantes.
Par la suite, Jean qui rencontrait des soucis de santé, perdait l’usage de ses deux reins. C’est moi qui l’accompagnait en consultation de néphrologie au CHU de Créteil voir un professeur qui devait lui expliquer les dialyses… Cela devait par la suite, faire partie du quotidien de Jean et du mien aussi.
Jean avait cet esprit créatif que je n’ai rencontré que de très rares fois. Jean-Loup Philippe à ces dispositions-là aussi en tant qu’auteur dramaturge, metteur en scène de théâtre, écrivain et comédien.
Dans les années 1993/1994, Jean entreprit l’écriture de la série Les deux orphelines vampires, il avait été engagé aux Editions UGE Poche Fleuve Noir à Paris, et moi je le suivais, car je travaillais avec Jean, c’est lui qui me rétribuait. Nous avions un statut d’intermittents du spectacle tous les deux. Jean a toujours regretté de ne pouvoir me salarier comme il le souhaitait tant sur les Films ABC, mais je lui ai souvent dit que ce n’était pas grave, c’était déjà bien que nous puissions nous débrouiller comme ça.
C’est aussi à cette époque où je fis mon premier Festival de Cannes (1993) où je représentais Jean Rollin et Les Films ABC s.a™.
Jean a donc écrit le premier des cinq volumes de la série Les deux orphelines vampires paru dans la Collection Angoisse aux éditions Fleuve Noir à Paris. Par la suite, Jean devenait directeur de collection pour la Collection Frayeur aux éditions UGE Poche Fleuve Noir où il dirigea notamment, plusieurs jeunes auteurs plus ou moins expérimentés, je fis la connaissance d’un autre directeur de collection Raymond Audemard, devenu depuis un ami de 20 ans qui lui, dirigeait la Collection Science fiction chez le même éditeur.
Jean entreprit la rédaction des quatre opus suivants de la série Les deux orphelines vampires ; Anissa, Les voyageuses, Les pillardes, et Les incendiaires parus dans la Collection Frayeur UGE Poche Fleuve Noir. Je lui fis part entre autre, que cela pourrait être un formidable film.
Il y a eu bien sûr d'autres livres de Jean Rollin parus chez différents éditeurs.
Jean souhaitait depuis un moment monter cette opération financière pour ce projet et il trouva le partenaire financier Films Office du Groupe Lagardère. C’est ainsi que se fit le long métrage du film Les deux orphelines vampires tourné en 1995 en super 16 en été par une chaleur écrasante. C’est sur ce tournage que je fis la connaissance de Natalie Perrey, complice de longue date de Jean depuis le tournage du film Le viol du vampire.
C’est aussi là, que je vis Jean indiquer au laboratoire CineDia les coupes du film en post-production en tranchant dans le vif dans le négatif du film !
Jean avait une solide formation de monteur.
En janvier 1996, nous nous rendîmes en Italie à Rome avec Lionel Wallmann, disparu en octobre 2011, un autre ami de Jean Rollin, pour faire le gonflage du film en 35mm.
Un voyage épique et très drôle, qui m’a valu ensuite l’achat d’un nouveau véhicule…. En juin 1996, nous nous sommes par la suite rendus à Londres au Festival EuroFest où Jean reçu un prix pour le film Les deux orphelines vampires et fin juin 1996 nous partions pour un autre festival Fantafestival de la Mostra di Roma en Italie ou son ami Adriano Pintaldi nous recevait très gentiment ainsi que deux des comédiennes du film, Nathalie Karsenti qui interprétait le rôle de la louve et Isabelle Teboul qui interprétait le rôle d’une des deux orphelines vampires ; Henriette.
Parallèlement à cela, nous changions de maison d’édition.
Jean se fit engager comme directeur de collection aux éditions Florent Massot pour la collection Poche revolver fantastique où nous y restâmes que quelques mois avant d’intégrer les Editions Belles Lettres à Paris, 1997.
Le travail en maison d’édition de cette façon-là était très dur pour moi, car c’était Jean qui était engagé et non moi, mais en tant que cinéaste-écrivain, il avait le droit de m’imposer en quelque sorte, puisque j'étais sa photographe-technicienne maquettiste et correctrice.
J’étais devenue entre-temps, son administratrice et nous avions fait changer les statuts de la société Les Films ABC™s.a. en ajoutant l'extension Editions Films ABC™s.a. [1996/1997].
Nous avons eu également, beaucoup de festivals en France et à l’étranger. Nous avons été au Festival de Gerardmer en janvier 1997, et au Festival de San Sebastian en pays Basque espagnol en octobre 1997, où Jean reçut un prix pour l’ensemble de son œuvre. Il y avait aussi les événementiels liés à la littérature où Jean était aux différents salons du livre qui se tenaient à travers la France et où je l’accompagnais.
Aux éditions Belles Lettres [1997/1998/1999], Jean était directeur de la collection Sortilèges. C’est à ce moment qu’il entreprit de rééditer le livre Les deux orphelines vampires en un seul volume agrémenté de mes photos de tournage du film éponyme. Nous étions en contact à cette époque avec Jean-Pierre Dionnet de la Société Des Films. C’est grâce à Jean-Pierre Dionnet que Jean a pu vendre ses films à la chaîne payante du groupe Canal+.
Bien sûr, Jean vendait aussi à l’étranger où il est très apprécié surtout dans les pays dits anglo-saxons.
Jean souhaitait faire ce que l’on appelle un bundle. C’est-à-dire sortir le livre Les deux orphelines vampires dans sa version collector puisque j’en avais fait la maquette intégrale comportant mes photos du film ainsi que la couverture du livre élaborée à partir des anciennes cartes postales appartenant à Jean. Hélas, cette superbe idée marketing ne s’est pas réalisée. Mais le livre existe bien et est sorti malgré tout, mais pas en même temps que la diffusion du film sur Canal+.
Grace à l’intervention de Jean-Pierre Dionnet notre contact pour Canal+, Jean a pu par ses droits d’auteur et la vente de ses films en France et à l'étranger, financer le film suivant : La fiancée de Dracula tourné en septembre 1999. Nous avions comme partenaire ; Gold Films Roma. Nous avions par ailleurs cette année-là, été à New York en février, c’était la première fois que je me rendais aux Etats Unis et j’en garde un très bon souvenir. C’était un Festival-Conférence qui se tenait à New York du film fantastique et d’horreur pour la TV et le cinéma. A ce festival étaient présentés tous les classics dans le genre de film fantastique d'horreur et gore…
Nous avions emporté avec nous les produits dits dérivés du cinéma ; affiches, livres et autres photos. Jean étant en attente de greffe rénale, deux gentils américains, dont j’ai malheureusement oublié les noms mais qui se reconnaitront sûrement s'ils consultent ce site en version anglaise, et qui venaient du New Jersey avaient pris en charge Jean pour le mener à ses séances de dialyses, en voiture, dans un centre d'hémodialyse éloigné du festival, pendant ce temps-là, je restais au stand qui nous avait été attribué sur le festival. Nous sommes restés huit jours aux USA. Par la suite nous étions invités au Festival Dead by Down en Ecosse, en mars 1999. Là aussi, cela a été huit jours fantastiques dans ce pays plein de légendes où nous avons été fort bien accueillis par Adèle Harley qui organisait l‘événementiel. C’était le film Les deux orphelines vampires qui était présenté. Nous étions en préparation du film La fiancée de Dracula qui fut présenté l’année suivante à ce même festival, mais malheureusement, Jean avait été hospitalisé pour un problème d'anévrisme à l'artère saphène, et je me suis rendue en Ecosse en compagnie de Sandrine Thoquet la nièce de Jean qui interprétait la vampirette dans le film La fiancée de Dracula et de Jacques Orth - disparu aussi en mai 2011 - , ami et partenaire de Jean pour tout ce qui était la post-production de ses films. Je faisais le relais téléphonique avec Jean resté en France depuis mon téléphone portable avec un micro amplifié afin que les fans de Jean puissent entendre ce qu'il disait et inversement bien sûr.
Et puis vint le projet de film La nuit transfigurée devenu La nuit des horloges, 2003. Ce projet a été très long à mettre en place à cause du budget qu’il fallait trouver. Nous avions fait connaissance entre temps de plusieurs personnes qui nous ont été d’une aide certaine et depuis devenus des amis.
Jean Depelley et Fabrice Maintoux grâce auxquels nous eûmes le partenariat financier avec la région du Limousin.
Nous avions entrepris des repérages photos des décors que Jean souhaitait dans différents musées en France, le Musée Dupuytren et le Musée Delmas-Orfila-Rouvière de l’Ecole de Médecine à Paris, fermé aujourd'hui.
C’est mon ami Daniel Gouyette qui avait fait tout le travail de contact auprès de ces musées.
Daniel avait par ailleurs fait notre connaissance en 1996, en avril, me semble-t-il. Il avait déjà organisé un événementiel à Châtillon pour la sortie du film Les deux orphelines vampires en octobre de cette année-là. Il a travaillé avec nous sur le film La fiancée de Dracula, ce qui n’a pas été évident pour lui à bien des égards… Mais il a été formidable. C’est quelqu’un de bien et qui possède un vrai talent de scénariste. Je le respecte beaucoup, car tout comme Jean Rollin, il s’est fait tout seul. Il a à son actif, plus d’une cinquantaine de portraits filmés qu’il a lui même réalisé et qui sont sur différents DVD et en Blu Ray consacrés à des scénaristes comme Lucio Fulci et bien sûr Jean Rollin. Il a commencé lors du tournage du film La fiancée de Dracula à faire son film Si la mère supérieure se coiffe d’un entonnoir, qui est un portrait de Jean Rollin ainsi qu’un making off assez complet et fort bien fait du tournage du film La fiancée de Dracula.
La nuit des horloges tourné sur l’année 2006 sur plusieurs mois, sorti en novembre 2008, Jean ayant entièrement financé le film, seul, devait trouver l’argent pour le tournage, mais pas seulement, car il y avait toute la post production. Une copie 35 que nous devions fournir pour notre partenaire de la Région du Limousin, c’est 50.000€… Lol.
Janette en a fait le montage, et je l’entends encore nous dire que tous les plans des inserts des autres films de Jean sont raccords, un bol incroyable. Des plans du film Les deux orphelines vampires par exemple, tournés en 1995, raccordant parfaitement avec ceux tournés en 2006 dans le même décor à 11 ans d’écart. Il faut dire aussi que nous avions un très bon chef opérateur ; Norbert Marfaing-Sintès. Norbert a travaillé avec nous depuis le tournage du film Les deux orphelines vampires, 1995, jusqu’au dernier film Le masque de la Méduse en 2010.
Voilà pour les grandes lignes de ce parcourt que je développerais dans un livre et que je consacrerais à mon ami disparu trop vite :
Jean Rollin.