La nuit de Walpurgis.
Quelle merveilleux scénario, il s'agissait d'une adaptation des livres
La statue de chair et de Tuàtha.
Jean a écrit beaucoup de livres et de scénarios qui n'ont pas été portés à l'écran et qui se trouvent tous au Fonds Jean Rollin à la Cinémathèque de Toulouse où ils peuvent être consultés, je possède de mon côtés dans ma collection personnelle, des éléments non publiques que Jean m'avait confié de son vivant.
Ce scénario sur le thème du loup-garou fut écrit à l'été 2005, remanié en 2008 .
Il s'agit d'une adaptation des  livres La statue de chair et de Tuatha.
Nous étions bien sûr, sur le projet de tournage du film
La nuit des horloges.
Autres lieux…
Autres souvenirs…
Autres temps…
 
 
Jean et son prix pour l'ensemble de son œuvre reçu au Festival international du film de San Sebastian
18~09~1997 au 27~09~1997
 
Il y avait un autre travail qu'il avait entrepris aussi sur lequel je n'ai pas participé, bien que je lui eusse proposé mon aide. Mais cela l'ennuyait de me demander de me pencher sur cela, car il s'agissait de la publication des écrits, des lettres de sa maman Denise Rollin par la Bibliothèque F.Mittérand. L'ouvrage n'a par ailleurs pas vu le jour, car Jean n'était pas satisfait du rendu. Le jeu d'épreuves est  resté dans son dossier bleu sous le fauteuil dans le salon, ce que faisait Jean, lorsqu'il mettait en attente un projet de cette nature. Il a repris son projet d'écriture de ses mémoires, puisque je l'ai aidé sur les dates de notre collaboration, - 20 ans - mais pas sur les autres cela se comprend, je ne connaissais pas Jean avant 1990, si ce n'est qu'à travers ses films que j'allais voir en salle, adolescente.
Le livre MoteurCoupez! ne s'est pas fait facilement. Dans un premier temps l'ouvrage devait paraître chez un autre éditeur Rouge profond, mais pour je ne sais quelle raison, cela ne s'est pas fait et c'est chez l'éditeur Jean-Christophe Pichon des éditions eDite, que le livre a été publié en 2008, en même temps que la sortie du filmLa nuit des horloges que beaucoup ont considéré comme étant le film testament de Jean Rollin.
 
La violée du vaisseau fantôme
Rêve claustral
Le bateau ivre
Jean Rollin appréciait beaucoup les œuvres du peintre Clovis Trouille.
Certains de ses tableaux ont inspiré Jean dans le film
La fiancée de Dracula
dans lequel l'on peut voir des reproductions de ces peintures.
Le grand maître du tout est permis
André Breton
Le précis peint et graphique des œuvres du peintre Clovis Trouille que Jean m'a offert…
Ici bande annonce du film La maison près du cimetière de Lucio Fulci, sortie France juillet 1981. Je n'ai pu voir le film que par petits bouts en DVD en compagnie de Jean Rollin.  «La maison près du cimetière» de Lucio Fulc,  lors de sa sortie en salle en France en 1981 fut interdit au moins de 18 ans, aujourd'hui en DVD, interdit aux moins de 16 ans. Cette œuvre a un peu mal vieilli, bien qu'il y ait des enfants dans ce film, reste difficile à voir et n'est pas tout public.
Ici, dans la résidence Les Lilas, à Paris, Jean entre mon ancienne voiture Peugeot 304 et ma nouvelle voiture Peugeot 205. En effet, j'ai dû me séparer de ma vieille voiture Peugeot 304, car en allant chercher au fret de l'aéroport Roissy Charles-de-Gaulle, le sphinx que Jean avait acheté à Rome - une statue pesant le poids d'un âne mort - les gars du fret ont laissé tomber la statue dans la voiture et le choc plus le poids de la statue ont fragilisé les structures de mon vieux véhicule. J'ai du acheter une nouvelle voiture en 1996 ;
la 205 que l'on voit ci-contre…
Comment j'ai connu Jean Rollin, cinéaste-écrivain …
C'est lorsque j'étais adolescente, étudiante à Paris en Arts Appliqués que j'ai connu les films de Jean Rollin.
Je faisais des études assez complètes en Histoire de l'Art, en dessin, en graphisme et bien sûr en photographie en me spécialisant dans le domaine du fantastique/horreur pour le cinéma, mais aussi dans le domaine médical comme photographe en anatomie humaine et comparée.
 
Durant mon temps libre, je visitais des musées et allais beaucoup au cinéma voir des films fantastiques et d'horreur.
 
Je me souviens qu'en seconde année, je me spécialisais déjà dans la prise de vues photographiques d'anatomie. Nous devions en tant qu'étudiants nous documenter sur le sujet en allant voir des films traitant du sujet dans divers spécialités [films fantastiques, d'horreur voire gore, historiques…] et aller dans les musées traitant du sujet ; [Musée Dupuytren, Musée de la Médecine, Musée Delmas-Orfila-Rouvière, Musée de la Police, Muséum d'histoire naturelle…, les expositions traitant du sujet à travers le temps, chirurgie, autopsies…], ainsi que les livres et documents, il n'y avait pas comme aujourd'hui, internet qui facilite beaucoup les choses en matière de recherches sur le sujet à condition, bien sûr de savoir se servir de ce formidable outil.
 
En juillet 1981, est sorti en France, un film à l'époque interdit aux moins de 18 ans ; La maison près du cimetière  de Lucio Fulci, aux Cinéma Artels sur les 4 Chemins d'Aubervilliers en Seine Saint-Denis 93. Je m'y rendais alors, avec une camarade qui aimait bien aussi se faire des frayeurs… Nous avions par la suite, vue L'éventreur de New York du même Lucio Fulci, Tenebræ de Dario Argento sorti en 1982 et bien sûr les films de Jean Rollin ; La morte vivante, Les raisins de la mort, Lèvres de sang…, et bien d'autres films d'horreur, gores….
 
Avec ma camarade, je me souviens que la salle de cinéma était bondée. A cette époque-là, il y avait bien plus de spectateurs qui se rendaient volontiers voir un film flippant même en après-midi. Le film étant interdit aux moins de 18 ans lors de sa sortie en salle, ma camarade et moi étions mineures, mais nous parvînmes à entrer…
Nous avons dû nous asseoir sur des strapontins car plus un fauteuil de libre.
Le noir se fît dans la salle et pas un bruit, un silence de mort…
 
Sur l'écran, une stèle tombale en gros plan, puis déplacement du cadre de la caméra en plan large sur une maison ancienne de type bostonien XIXè siècle, c'est une nuit italienne c'est-à-dire, vraie nuit. Une musique d'ambiance étrange et angoissante ainsi que le cri d'un chien hurlant accompagnent la caméra qui panneaute vers une ancienne maison, laquelle laisse apercevoir un étrange faisceau lumineux se déplaçant à l'intérieur dans l'obscurité.
Changement de plan, intérieur de la maison, cadre sur ce qui semble être une tombe vue an plan rasant à l'envers, sur laquelle apparaissent une croix gravée ainsi qu'un nom sur la dalle tombale. Changement de cadre de la caméra de la dalle tombale où  une jeune fille assise se rhabille cherchant et appelant son compagnon, Steve.
L'ambiance de ce film dès les premières minutes est très oppressante et angoissante.
La caméra suit la jeune femme qui se lève et se déplace dans les pièces de cette maison qui semble abandonnée, en plan très large, cherchant son compagnon, alors que des bruits de grincements, de pas et des bruits nocturnes se font entendre accompagnés de cette musique d'ambiance.
A mesure que la jeune femme se déplace, la caméra cadre sur son visage qui au fur et à mesure reflète de plus en plus l'angoisse et la peur… Une présence indéfinissable est perceptible… Des pas… Des grincements… Le cri d'un chien hurlant dans la nuit, le tout dans une pénombre suffisante cependant pour distinguer la scène… Changement de plan sur la jeune femme, qui cherche du regard… Contrechamp sur un plan large d'un faisceau lumineux se déplaçant à l'intérieur de la maison, et toujours les grincements et une musique faisant monter la pression… Plans généraux sur la jeune femme se déplaçant dans la demeure et appelant son ami, des pas se font entendre, puis soudain, changement de cadre sur son visage, la sueur perle…, entendant une porte s'ouvrir, elle se tourne et pousse un hurlement voyant avec horreur, changement de cadre, contrechamp et rapproché dans l'axe de la caméra, sur son compagnon cloué sur une porte avec des instruments chirurgicaux, zoom sur les ciseaux chirurgicaux plantés dans le thorax du jeune homme.
Plans rapprochés sur le visage hurlant de la jeune femme et un bras horrible brandissant un couteau s'abaisse à l'arrière de la tête de la jeune fille, plans cuts de son profil sur lequel lui sort par la bouche, la lame du couteau, puis elle s'effondre au sol, visage de profil, la lame du couteau lui sortant par la bouche ensanglantée sur son cri désormais muet. Cadre moyen de la caméra sur le profil de la jeune fille décédée, au sol, la bouche en sang avec la lame du couteau et sa main gauche portant une petite bague…
Zoom de la caméra sur sa main et la petite bague…
Musique d'ambiance qui va bien…
Changement de cadre sur les pieds du cadavre et une main jeune attrapant un pied et une autre main, horrible, en putréfaction saisissant l'autre pied du corps, l'on entend une espèce de respiration infernale. Les deux mains saisissent et trainent le corps de la jeune femme assassinée, laissant une traînée sanglante vers une ouverture qui semble être l'accès à une cave.
La porte de la cave se referme…
Début du générique du film…
 
Le monstre n'est pas visible durant pratiquement tout le film, sauf sur les plans finaux. Et ce qu'il y a de décalé, est que la créature semble émettre des pleurs d'enfants.
 
Nous avions ma camarade et moi tellement eu peur durant ces trois premières minutes du film, que nous décidâmes de sortir de la salle de cinéma et d'aller voir quelque chose qui nous sorte de cette terreur qui nous avait saisi au ventre et nous habitait, en allant voir…
Alice au pays des merveilles de Walt Disney.
 
Aujourd'hui encore, je ne suis pas parvenue à chasser les images horrifiques et de cauchemar, tant ce film m'a terrorisé.
Très bien filmé, graphique, très sanglant, l'histoire se tient de bout en bout et revêt un caractère très original dans le traitement du sujet : régénération tissulaire avec décalage dans le temps, d'un médecin du XIX ème siècle radié à vie pour avoir tenté des expériences interdites et qui survie à travers le temps depuis son antre intemporel qu'est la cave où il se terre pour se faire des greffes et régénérer ses tissus et cellules à partir de ses victimes venant habiter la maison.
La fin du film laisse un sentiment de malaise et est étrange…
Tout dans ce film que je n'ai pu visionner que par petits bouts, montre des acteurs très bons et une mise en scène excellente.
Un vrai film d'horreur.
 
J'ai raconté cela à mon ami Jean Rollin des années plus tard… Jean était très étonné que je puisse encore lui raconter le début du film avec autant de précisions telles que je l'ai décrit ci-dessus. 
Mon ami Pascal Françaix à eu la gentillesse de me faire une copie de sa VHS, et Jean Rollin m'a offert le DVD quelques années plus tard, quand mon ami Daniel Gouyette m'offrait à son tour la version collector.
 
Ci-dessous l'extrait du film La maison près du cimetière de Lucio Fulci disponible à la vente.
Editions Neo Publishing.
 
Je me souviens avoir dit à Jean et Daniel tout en les remerciant que jamais je ne parviendrais à voir ce film dans son entier d'un seul tenant tant il m'avait terrifié.
 
J'ai vu par la suite bien des films fantastiques, d'horreur, gore, voire pire, mais celui-là, m'a terriblement impressionné. C'est en compagnie de mon ami Jean Rollin que j'ai pu visionner le film un après-midi à son domicile, mais en me masquant souvent les yeux et me bouchant aussi les oreilles, car la bande son est aussi effrayante que le film lui-même.
Jean voulait comprendre ce qui m'avait tant terrifié.
La réaction de Jean, n'a pas été la même évidemment, en tant que professionnel de l'image, cinéaste-écrivain, spécialisé dans le fantastique, mais il avait tout à fait compris ma terreur d'autant que la première fois, j'avais 16 ans quand j'ai voulu voir ce film.
Jean m'avait dit d'ailleurs qu'il n'était pas sensible au gore pure et gratuit comme c'est le cas dans certains film, ce qui n'est pas le cas avec le film de Lucio Fulci, La maison près du cimetière. Je suis assez d'accord avec Jean Rollin, il évoque cela notamment dans un sujet tourné par France3 Limousin  durant le tournage de La nuit des horloges en 2006.
 
J'ai eu mon diplôme d'Etat aux Beaux-arts de Paris à l'âge de 18 ans et demi en 1982, (équivalence universitaire Bac+5), et j'ai exercé dans un premier temps comme photographe de bloc opératoire dans le service communication au sein de l’Hôpital Henri Dunant pour le compte de la Croix Rouge Française.
Je garde de cette expérience, un merveilleux souvenir. Des gens formidables, d’une très grande gentillesse patients et surtout, humains à l’écoute de ceux qui souffrent vraiment.
 
Lorsque mon contrat prit fin à La CRF, en accompagnant une amie d'enfance à un rendez-vous dans le quartier du Marais à Paris, (12, rue des Lions-Saint-Paul 75004 Paris), je fis la connaissance d'un éditeur, Charly le Bouil des éditions NDLR qui avait en projet de publier un ouvrage de Jean Rollin ; Enfer privé, et qui me communiqua les coordonnées de Jean Rollin.  Cela se passait en septembre 1990.
 
Je rencontrais alors Jean Rollin à son domicile ; 69, rue Haxo, Paris 75020, et le contact pris tout de suite. Je fus enchantée de rencontrer un monsieur tout en simplicité vivant dans un univers dont j’étais bien loin d’imaginer le décor que je découvris alors. Des livres en grand nombre, des bibelots, tout ayant un rapport avec le monde du fantastique, des produits dits dérivés du cinéma…
J'étais loin de penser lorsque j'étais étudiante de connaître un jour ce grand monsieur, gentil et généreux qu'était
Jean-Michel Rollin Roth le Gentil.
 
Nous sommes devenus amis et avons commencé à collaborer ensembles. Je fis mon entrée dans le cercle de la société de Jean Rollin ; Les Films ABC s.a.™ dans un premier temps, comme photographe de plateau.
Par la suite, je devenais son administratrice et sa responsable de fabrication en éditions, nous avions fait ajouter aux statuts de la société Les Films ABC™, Editions Films ABC™.
 
Jean avait créé sa société en 1962 pour les besoins de production d’un de ses premiers longs métrages ; Le viol du vampire sorti en 1968 durant les événements de mai.
 
En France, pour produire un film que cela soit un court métrage ou un long métrage, il est nécessaire d’avoir sa société de production. Autrement c’est très compliqué, et parfois impossible d’obtenir ne serait-ce que le visa d’exploitation d'un film.
 
Jean me fit présent dans ces premières entrevues, de deux ouvrages ; Une petite fille magique paru aux éditions L'ors du temps et Les demoiselles de l'étrange première version, paru aux éditions Filipacchi.
Je découvrais alors Jean Rollin, l’auteur.
 
Je fus transporté à la lecture de ces deux premiers ouvrages, surtout par Les demoiselles de l'étrange où j'avais la nette impression en lisant cette fabuleuse histoire où deux jeune filles  confrontées à mille et une aventures et créatures effrayantes et fantastiques nées de mythes et légendes, que les caractères qui composaient le texte du livre s'effaçaient pour laisser place à un écran de cinéma remplaçant la page du livre où je pouvais découvrir en images, les aventures d'Estelle et Edwige, les héroïnes Des demoiselle de l’étranges.
 
Chaque fois que je lisais une histoire de Jean Rollin, par la suite avant même sa publication puisque je travaillais sur les textes et les projets de couvertures de ses ouvrages, j’avais l’impression de voir un film.
 
Je fis mon premier court métrage en 1991 sur un film pilote tourné en vidéo ; Détectives de charme, prévu pour la télévision, mais qui fut inachevé.
Le film n'existe donc pas et n'est pas disponible en vidéo.
Il n'existe que quelques photos que j'ai faite.
 
Je me souviens que c'était pour moi extraordinaire que d'entrer dans le vrai monde du cinéma grâce à Jean Rollin. C'était un homme très gentil, généreux et patient. C'est là que Jean m'enseigna ce qu'il manquait à ma formation de base de l'image comme photographe.
Le cadrage d’une image proprement dite en fonction de l’axe de la caméra et bien sûr, les premiers aperçus de ce qu’est un montage de film, sa pré-production, le tournage proprement dit et sa post-production.
 
Plus tard, il y eu d'autres projets d'écriture.
Jean m'avait demandé si je pouvais l'aider quant à la publication de son ouvrage Enfer privé aux éditions NDLR.
 
Je me suis vite rendue compte que cela ne se passait pas comme Jean le souhaitait et c'est de cette façon que je pris en quelque sorte les choses en main, car ma formation de base implique également la connaissance de la chaîne graphique ; je sais donc comment se fabrique un livre. Nous ne disposions pas encore d'équipement informatique, et ce fut la dernière fois que je fis une maquette et apportais les corrections en mode dit traditionnel. J'acquis par la suite mon premier ordinateur personnel, un Macintosh LCII, bien vite remplacé par des models plus performants du fait de mon métier de photographe ayant besoin de matériel plus puissant.
 
L'ambiance était vraiment sympa. Rien à voir avec le fait de travailler dans un environnement froid  avec un chef au-dessus de son épaule en train d'épier ce que l'on fait, non, Jean n'était pas du tout comme ça. PDG de sa société Les Films ABC™, certes, mais loin de ces hommes d’affaire en costume-cravate faisant l’important. Non, Jean était passionné par l’écriture et le cinéma, par son métier de cinéaste-écrivain, et je partageais cette passion.
 
C’était vraiment fantastique de voir comment lors d’une discussion, l’idée d’une histoire, se transformait  en notes que Jean prenait dans un petit carnet, puis trouvait la documentation des lieux et décors nécessaires à ce projet qui se transformait en live sous mes yeux, en scénario de film ou en projet de roman.
Il était fier d’avoir sa société de production parce qu’il pouvait se produire lui-même sans avoir à se justifier sur les choix de ses films ou ses orientations.
 
Il faut savoir qu’avant même les repérages décors ou le choix de l’équipe technique, du casting d’un film, soient décidés, la naissance d’un film commence avant tout par l’écriture pour ne pas dire le verbe. 
 
J’ai par la suite, vu bien souvent lors de discussions endiablées avec Jean, les projets prendre forme tant dans l’écriture puisque j’en montais les maquettes de livre et faisais les photos et comment prenait forme le projet d’un film par l’écriture d’un scénario.
C'est très compliqué de monter un plan financier pour faire un film, qu'il soit court ou long métrage, ou pour fabriquer un livre.
C'est rare de le voir en vrai et passionnant aussi.
Je peux dire que j'ai vue les vraies coulisses du cinéma, ce que le grand public est loin d'imaginer sorti des images d'Epinal sur ce que l'on peut savoir d'un tournage de film.
 
Notre complicité était vraie sans fausses notes.
Comme me l'a dit mon amie Janette Kronegger que j'ai vu récemment à Trouville-sur-mer en août 2013, Jean était sans équivoque. Jamais il n’y a eu entre Jean et moi d’histoires salaces ou de rapports malsains et déplacés. Nous étions comme frères et sœurs. Ce que j'ai pu me rendre compte plus tard, puisque j’étais devenue aussi son administratrice à sa demande, Jean me témoignait une très grande confiance. Il y eut ensuite, d’autres projets de films qui hélas, comme beaucoup n'ont pas vu le jour, faute de moyens financiers, tout comme certains ouvrages littéraires.
Il est très difficile en France de faire un film seul ou un livre. Que cela soit dans l'industrie du cinéma ou celle de l'édition, il faut très souvent un partenaire financier, je le sais de métier et d'expérience.
J'ai accompagné bien souvent Jean à des rendez-vous pour obtenir les crédits nécessaires, mais cela ne fonctionnait pas toujours, ce qui fut le cas pour ce projet de scénario Le retour de Dracula, ainsi que pour un autre projet destiné à la télévision pour une série à épisodes ; La griffe d'Horus, ou encore quelques années plus tard, entre La fiancée de Dracula tourné en septembre 1999 et La nuit des horloges en 2006, dont la préparation avait commencé en 2003 en même temps que Jean commençait à poser sur le papier, ses mémoires ; MoteurCoupez ! ; La nuit de Walpurgis sur le thème du loup-garou, projet très cher à financer, mais merveilleux scénario de film.
 
Jean Rollin finançait tout ou partie de ses projets de films ou de livres, seul ou en partenariat.
Ce qui explique les co-productions ou co-éditions.
 
Et puis nous avons fait la connaissance d'un autre partenaire Michel Gué devenus un ami, hélas disparu en 2005, qui se trouvait être vendeur de films pour le compte de la société Gaumont, il me semble, et qui s'était établi à son compte.
 
Il nous apporta le projet de Killing Car. 
Cela se passait en 1992.
Sur le générique apparait le ©1989.
Cela s'explique par le fait que tous les documents nécessaires à la fabrication de ce projet de film avaient été déposés au CNC et autres organismes d'Etat en 1989.
Le dossier était complet, jusqu'au visa d'exploitation, mais pas de film.
Jean entreprit alors d’écrire un synopsis puis un scénario pour ce film, car dans les documents, la trame était un genre policier.
J’explique dans le site que je consacre à Jean Rollin
comment prit naissance le tournage du film Killing car.
 
Les repérages photos des décors se sont fait quelques semaines avant le tournage. Nous disposions de peu de temps et d’un budget restreint, c’est la raison pour laquelle le tournage s’est déroulé sur 15 jours en novembre 1992 par un froid sibérien et que les scènes raccord ont été faites en cinq jours en janvier 1993. Le casting comportait peu de gens professionnels du métier mis à part, Jean-Loup Philippe, qui lui, est un vrai acteur de cinéma et qui a joué dans plusieurs films de Jean Rollin et dans de nombreuses pièces de théâtres.
Il a été aussi une des voix de France-Culture.
Jean-Loup Philippe est par ailleurs le créateur/fondateur du Domaine poétique, 1962.
Voir le site que j'ai consacré à Jean-Loup Philippe :
 
C’est sur ce tournage que je fis la connaissance de Jean-Loup Philippe, engagé comme comédien et coach sur le tournage. Ce qui n'a pas été une sinécure pour lui.
Il m’impressionnait beaucoup à l’époque et je me souviens ne pas avoir été très sympa avec.
Mais lui, était très gentil.
 
Je fis aussi la connaissance de Janette Kronegger, notre chef monteuse aux talents incroyables. Jean n’avait pas besoin de se rendre en salle de montage pour indiquer à Janette ce qui était à faire, d’instinct Janette savait ce que Jean souhaitait.
L’équipe des Films ABC était en parfaite symbiose.
Tout se passait en  parfaite harmonie.
 
C’est Janette qui m’a montré ce qu’était un montage pellicule en super 16. Et encore aujourd’hui, son instruction m’est toujours utile. C’est Janette qui m’en a appris les subtilités. Et Jean qui m’avait conseillé de voir le montage du film Killing Car.
 
Je n’avais jamais l’impressions de travailler, mais d’être en vacances, bien que parfois nous avions des journée harassantes.
 
Par la suite, Jean qui rencontrait des soucis de santé, perdait l’usage de ses deux reins. C’est moi qui l’accompagnait en consultation de néphrologie au CHU de Créteil voir un professeur qui devait lui expliquer les dialyses… Cela devait par la suite, faire partie du quotidien de Jean et du mien aussi.
 
Jean avait cet esprit créatif que je n’ai rencontré que de très rares fois. Jean-Loup Philippe à ces dispositions-là aussi en tant qu’auteur dramaturge, metteur en scène de théâtre, écrivain et comédien.
 
Dans les années 1993/1994, Jean entreprit l’écriture de la série Les deux orphelines vampires, il avait été engagé aux Editions UGE Poche Fleuve Noir à Paris, et moi je le suivais, car je travaillais avec Jean, c’est lui qui me rétribuait. Nous avions un statut d’intermittents du spectacle tous les deux. Jean a toujours regretté de ne pouvoir me salarier comme il le souhaitait tant sur les Films ABC, mais je lui ai souvent dit que ce n’était pas grave, c’était déjà bien que nous puissions nous débrouiller comme ça.
 
C’est aussi à cette époque où je fis mon premier Festival de Cannes (1993) où je représentais Jean Rollin et Les Films ABC s.a™.
 
Jean a donc écrit le premier des cinq volumes de la série Les deux orphelines vampires paru dans la Collection Angoisse aux éditions Fleuve Noir à Paris. Par la suite, Jean devenait directeur de collection pour la Collection Frayeur aux éditions UGE Poche Fleuve Noir où il dirigea notamment, plusieurs jeunes auteurs plus ou moins expérimentés, je fis la connaissance d’un autre directeur de collection Raymond Audemard, devenu depuis un ami de 20 ans qui lui, dirigeait la Collection Science fiction chez le même éditeur.
 
Jean entreprit la rédaction des quatre opus suivants de la série Les deux orphelines vampires ; Anissa, Les voyageuses, Les pillardes, et Les incendiaires parus dans la Collection Frayeur UGE Poche Fleuve Noir. Je lui fis part entre autre, que cela pourrait être un formidable film.
 
Il y a eu bien sûr d'autres livres de Jean Rollin parus chez différents éditeurs.
 
Jean souhaitait depuis un moment monter cette opération financière pour ce projet et il trouva le partenaire financier Films Office du Groupe Lagardère. C’est ainsi que se fit le long métrage du film Les deux orphelines vampires tourné en 1995 en super 16 en été par une chaleur écrasante. C’est sur ce tournage que je fis la connaissance de Natalie Perrey, complice de longue date de Jean depuis le tournage du film Le viol du vampire.
 
C’est aussi là, que je vis Jean indiquer au laboratoire CineDia les coupes du film en post-production en tranchant dans le vif dans le négatif du film ! 
Jean avait une solide formation de monteur.
 
En janvier 1996, nous nous rendîmes en Italie à Rome avec Lionel Wallmann, disparu en octobre 2011, un autre ami de Jean Rollin, pour faire le gonflage du film en 35mm.
 
Un voyage épique et très drôle, qui m’a valu ensuite l’achat d’un nouveau véhicule…. En juin 1996, nous nous sommes par la suite rendus à Londres au Festival EuroFest où Jean reçu un prix pour le film Les deux orphelines vampires et fin juin 1996 nous partions pour un autre festival Fantafestival de la Mostra di Roma en Italie ou son ami Adriano Pintaldi nous recevait très gentiment ainsi que deux des comédiennes du film, Nathalie Karsenti qui interprétait le rôle de la louve et Isabelle Teboul qui interprétait le rôle d’une des deux orphelines vampires ; Henriette.
 
Parallèlement à cela, nous changions de maison d’édition.
Jean se fit engager comme directeur de collection aux éditions Florent Massot pour la collection Poche revolver fantastique où nous y restâmes que quelques mois avant d’intégrer les Editions Belles Lettres à Paris, 1997.
 
Le travail en maison d’édition de cette façon-là était très dur pour moi, car c’était Jean qui était engagé et non moi, mais en tant que cinéaste-écrivain, il avait le droit de m’imposer en quelque sorte, puisque j'étais sa photographe-technicienne maquettiste et correctrice.
 
J’étais devenue entre-temps, son administratrice et nous avions fait changer les statuts de la société Les Films ABC™s.a. en ajoutant l'extension Editions Films ABC™s.a. [1996/1997].
 
Nous avons eu également, beaucoup de festivals en France et à l’étranger. Nous avons été au Festival de Gerardmer en janvier 1997, et au Festival de San Sebastian en pays Basque espagnol en octobre 1997, où Jean reçut un prix pour l’ensemble de son œuvre. Il y avait aussi les événementiels liés à la littérature où Jean était aux différents salons du livre qui se tenaient à travers la France et où je l’accompagnais.
Voir les pages du site internet consacrées aux événementiels.
 
Aux éditions Belles Lettres [1997/1998/1999], Jean était directeur de la collection Sortilèges. C’est à ce moment qu’il entreprit de rééditer le livre Les deux orphelines vampires en un seul volume agrémenté de mes photos de tournage du film éponyme. Nous étions en contact à cette époque avec Jean-Pierre Dionnet de la Société Des Films. C’est grâce à Jean-Pierre Dionnet que Jean a pu vendre ses films à la chaîne payante du groupe Canal+.
 
Bien sûr, Jean vendait aussi à l’étranger où il est très apprécié surtout dans les pays dits anglo-saxons.
 
Jean souhaitait faire ce que l’on appelle un bundle. C’est-à-dire sortir le livre Les deux orphelines vampires dans sa version collector puisque j’en avais fait la maquette intégrale comportant mes photos du film ainsi que la couverture du livre élaborée à partir des anciennes cartes postales appartenant à Jean. Hélas, cette superbe idée marketing ne s’est pas réalisée. Mais le livre existe bien et est sorti malgré tout, mais pas en même temps que la diffusion du film sur Canal+.
 
Grace à l’intervention de Jean-Pierre Dionnet notre contact pour Canal+, Jean a pu par ses droits d’auteur et la vente de ses films en France et à l'étranger, financer le film suivant : La fiancée de Dracula tourné en septembre 1999. Nous avions comme partenaire ; Gold Films Roma. Nous avions par ailleurs cette année-là, été à New York en février, c’était la première fois que je me rendais aux Etats Unis et j’en garde un très bon souvenir. C’était un Festival-Conférence qui se tenait à New York du film fantastique et d’horreur pour la TV et le cinéma.
A ce festival étaient présentés tous les classics dans le genre de film fantastique d'horreur et gore…
Nous avions emporté avec nous les produits dits dérivés du cinéma ; affiches, livres et autres photos. Jean étant en attente de greffe rénale, deux gentils américains, dont j’ai malheureusement oublié les noms mais qui se reconnaitront sûrement s'ils consultent ce site en version anglaise, et qui venaient du New Jersey avaient pris en charge Jean pour le mener à ses séances de dialyses, en voiture, dans un centre d'hémodialyse éloigné du festival, pendant ce temps-là, je restais au stand qui nous avait été attribué sur le festival. Nous sommes restés huit jours aux USA. Par la suite nous étions invités au Festival Dead by Down en Ecosse, en mars 1999. Là aussi, cela a été huit jours fantastiques dans ce pays plein de légendes où nous avons été fort bien accueillis par Adèle Harley qui organisait l‘événementiel. C’était le film Les deux orphelines vampires qui était présenté. Nous étions en préparation du film La fiancée de Dracula qui fut présenté l’année suivante à ce même festival, mais malheureusement, Jean avait été hospitalisé pour un problème d'anévrisme à l'artère saphène, et je me suis rendue en Ecosse en compagnie de Sandrine Thoquet la nièce de Jean qui interprétait la vampirette dans le film La fiancée de Dracula et de Jacques Orth - disparu aussi en mai 2011 - , ami et partenaire de Jean pour tout ce qui était la post-production de ses films. Je faisais le relais téléphonique avec Jean resté en France depuis mon téléphone portable avec un micro amplifié afin que les fans de Jean puissent entendre ce qu'il disait et inversement bien sûr.
 
Et puis vint le projet de film La nuit transfigurée devenu La nuit des horloges, 2003. Ce projet a été très long à mettre en place à cause du budget qu’il fallait trouver. Nous avions fait connaissance entre temps de plusieurs personnes qui nous ont été d’une aide certaine et depuis devenus des amis.
 
Jean Depelley et Fabrice Maintoux grâce auxquels nous eûmes le partenariat financier avec la région du Limousin.
Serena Gentihomme, grâce à qui nous avons eu ce musée extraordinaire de La Spécola [l’observatoire] à Florence.
 
Nous avions entrepris des repérages photos des décors que Jean souhaitait dans différents musées en France, le Musée Dupuytren et le Musée Delmas-Orfila-Rouvière de l’Ecole de Médecine à Paris, fermé aujourd'hui.
 
C’est mon ami Daniel Gouyette qui avait fait tout le travail de contact auprès de ces musées.
Daniel avait par ailleurs fait notre connaissance en 1996, en avril, me semble-t-il. Il avait déjà organisé un événementiel à Châtillon pour la sortie du film Les deux orphelines vampires en octobre de cette année-là. Il a travaillé avec nous sur le film La fiancée de Dracula, ce qui n’a pas été évident pour lui à bien des égards…
Mais il a été formidable. C’est quelqu’un de bien et qui possède un vrai talent de scénariste. Je le respecte beaucoup, car tout comme Jean Rollin, il s’est fait tout seul. Il a à son actif, plus d’une cinquantaine de portraits filmés qu’il a lui même réalisé et qui sont sur différents DVD et en Blu Ray consacrés à des scénaristes comme Lucio Fulci et bien sûr Jean Rollin. Il a commencé lors du tournage du film La fiancée de Dracula à faire son film Si la mère supérieure se coiffe d’un entonnoir, qui est un portrait de Jean Rollin ainsi qu’un making off assez complet et fort bien fait du tournage du film La fiancée de Dracula.
 
La nuit des horloges tourné sur l’année 2006 sur plusieurs mois, sorti en novembre 2008, Jean ayant entièrement financé le film, seul, devait trouver l’argent pour le tournage, mais pas seulement, car il y avait toute la post production.
Une copie 35 que nous devions fournir pour notre partenaire de la Région du Limousin, c’est 50.000€… Lol.
 
Janette en a fait le montage, et je l’entends encore nous dire que tous les plans des inserts des autres films de Jean sont raccords, un bol incroyable. Des plans du film Les deux orphelines vampires par exemple, tournés en 1995, raccordant parfaitement avec ceux tournés en 2006 dans le même décor à 11 ans d’écart. Il faut dire aussi que nous avions un très bon chef opérateur ; Norbert Marfaing-Sintès. Norbert a travaillé avec nous depuis le tournage du film Les deux orphelines vampires, 1995, jusqu’au dernier film Le masque de la Méduse en 2010.
 
Voilà pour les grandes lignes de ce parcourt que je développerais dans un livre et que je consacrerais à mon ami disparu trop vite :
Jean Rollin.
Sur la route qui me menait en Basse Normandie, vers Trouville-sur-Mer, je voyais le panneau Caen.
 
En voyant ce panneau, je me souvenais alors qu'en 1999, durant le tournage du film
La fiancée de Dracula,
j'avais accompagné Jean pour ses séances de dialyses dans cette ville qui se trouvait être la plus proche géographiquement de notre lieu de tournage :
Pourville-les-Dieppes et les îles Chausey.
Tournage difficile mais oh combien instructif et le dernier tourné en pellicule 35, puisqu'au film suivant nous sommes passés au numérique avec
La nuit des horloges
Je me suis rendue le 23 août 2013 à Trouville-sur-Mer rendre visite à mon amie Janette Kronnegger. Et sur l'autoroute qui me faisait traverser le Vexin français en direction de Caen et de Trouville-sur-Mer des souvenirs m'assaillirent en nombre.
Je me remémorais  les repérages photos que nous avions fait dans cette région pour des projets de couverture de livre…
C'était un tournage difficile fait sur 15 jours en novembre 1992 par un froid sibérien, avec un budget restreint. Mais j'en garde un très bon souvenir pour mon premier long métrage. C'est sur ce tournage que j'ai vraiment appris grâce à Jean, les subtilités de tournage sans découpage, et grâce à Janette Kronegger que j'ai appris ce qu'était un montage en super 16 et qui avait eu la patience et la gentillesse de me montrer. C'était passionnant. Janette a été notre chef monteuse sur de nombreux films de Jean, jusqu'au dernier film :
Le masque de la Méduse
Ci-dessus Jean et moi aux Studios Dimson à Paris
pendant le tournage du film  en 1992/93
Killing Car.
Il y avait aussi le projet de sortie des Ecrits complets vol.1 de Jean Rollin, malheureusement, il a fallu une lettre d'avocat pour que cet ouvrage paraisse et voit le jour… L'ouvrage est paru en septembre 2010 à la projection du film
Le masque de la Méduse
Ci-dessous, Jean Rollin et moi aux Studio Dimson à Paris 15èm.
Tournage du film Killing Car. novembre 1992/93.
Après avoir informé nos comptables de la situation de Jean, Simone et moi, nous rendions auprès de la banque.
La situation pourrait paraître cocasse si cela avait été une scène de film, dans d'autres circonstances mais là, nous le vivions.
J'avais obtenu de Jean, cette procuration et accompagnée de Simone, j'informais le banquier  de la situation, tout en présentant mes papiers, passeport et Kbis.
J'entends encore Simone me glisser à l'oreille ; « il nous prend pour des bandits de grands chemins…»
Je peux comprendre la perplexité du banquier, mais quand je téléphonais à Jean en face du banquier et lui passais la communication et que Jean à l'autre bout du fil lui confirmait la situation, le doute pour le banquier à notre égard n'était plus de mise. Je demandais l'interruption des prélèvements sauf pour le téléphone portable pour raisons évidentes. Et puis, les choses se sont accélérées.
J'en veux aux personnels soignants, notamment aux médecins de l'attitude désinvoltes qu'ils ont eu à l'égard de Jean.
Je ne leur pardonnerais jamais.
Je me sentais impuissante, et j'avais l'impression terrible d'un gâchis et d'un échec total.
Simone avait aussi inconsciemment cette impression là, car elle m'avait dit qu'elle s'était presque habituée au fait que Jean se retrouvait hospitalisé souvent, puisqu'il en ressortait.
Je n'incrimine pas le personnel soignant qui a fait son possible, mais ils ont été très maladroits.
Je revois encore cette scène hallucinante où Jean assis sur son lit d'hôpital, Simone dans un fauteuil à sa gauche,
moi debout à droite, et le gériatre dire à Jean :
Monsieur Rollin, vous savez ce que vous avez, nous vous l'avons déjà expliqué…
J'ai trouvé ces paroles qui résonnent encore dans ma mémoire choquantes et déplacées.
Jean répondit : C'est foutu alors…
Révoltée parce que j'entendais et voyais, je dis à Jean que rien n'est foutu, je ne pouvais pas accepter ça en tout cas pas de cette façon là.
Le cholangiocarcinome est le cancer primitif des voies biliaires.
Un truc méchant, aussi cruel que le cancer du pancréas…
Je rencontrais Simone et lui expliquais donc la chose en question, et bien sûr comment cela pouvait arriver.
Nous étions très inquiètes.
 
J'avais entre temps fait stopper tout repérages et autres frais inhérent au futur film de Jean.
Je pris des décisions très difficiles et je me décidais à parler avec Jean.
Dans un premier temps, lui faire mettre une procuration sur la tête de Simone pour tout ce qui concernait les banques et autres. Bien qu'administratrice, j'avais refusé la signature, bien que jean eut insisté pour que je l'acceptât, mais je refusais derechef, en lui expliquant pourquoi.
Mais jamais je ne l'ai  laissé tomber, ni Simone ni Serge.
Jamais, je n'ai vu l'oncologue, uniquement un gériatre et un jeune médecin de garde.
Je sais par expérience que le personnel soignant est dans une certaine mesure obligé de se blinder face à ce genre de situation, mais ils sont parfois forts maladroits.
Ces instants pénibles des derniers jours de mon ami Jean, me sont particulièrement difficiles à évoquer.
Même aujourd'hui, en 2013, j'ai l'impression que c'était hier. Je pense que de raconter ce témoignage me permettra d'exorciser un peu ces instants douloureux, mais ils seront à jamais dans ma mémoire.
Je rendais visite tous les jours à Jean à l'hôpital, mais, je laissais le week end à ses proches, Simone, bien sûr, bien qu'elle me demandât de venir, Serge et Clairette son épouse et leurs filles.
J'ai souvent eu l'occasion de m'adresser au gériatre et au jeune médecin de garde.
Je  me souviens encore de leurs paroles :
cela peut arriver dans trois ans, trois mois, trois semaines ou trois jours…
Jean et moi, n'avions pas ce rapport employée/employeur, ce n'était pas du tout le genre de Jean. Nous n'avons même jamais eu de rapports salaces comme certaines mauvaises langues ont pu le penser ou l'écrire. Nous n'étions pas amants, nous étions très proches c'est vrai, mais il n'y a jamais eu d'histoire tordue entre Jean et moi. Nous étions en osmose et en symbiose, nous partagions tant ensembles, et étions en accord sur beaucoup de choses, tant dans le travail qu'en amitié. Je ne retrouverais jamais une amitié comme celle que j'ai partagé avec Jean, et il me manque bien aujourd'hui, mon ami.
Jean connaissait tous les bons plans restaurant. Il me faisait rire à cause de ça, comme il me disait qu'il était un fils du peuple, il l'a jouait mesquine. Une autre fois, nous étions dans un autre restaurant en banlieue parisienne à Aubervilliers. Il nommait ce restaurant, le restaurant aux poissons, parce qu'il y était servi très régulièrement des produits de la mer, très bons d'ailleurs. Là aussi, un jour, que nous déjeunions avec Anissa Berkani-Rohmer qui travaillait à côté, Jean me dit, «Tiens, il y a un très grand plat de bulots, tu ne veux pas m'en apporter quelques uns ?». Je me suis levée, et j'ai directe pris le plateau lui-même et l'ai apporté à Jean. Nous avons mis le grappin sur les bulots, il n'y en avait plus pour le reste les autres… lol.
A côté du copie center se trouvait - cela doit encore exister aujourd'hui - un restaurant self. Jean appréciait ce restaurant pas trop cher où nous allions prendre nos repas. Je me souviens qu'un jour, il y avait des bulots violets géants et de la mousse au chocolat. Il me fait l'idée satanique de parier que je ne prendrais pas les saladiers de bulots et de mousse au chocolat. Truc à pas me dire… J'ai donc pris le saladier de bulots, un bol de mayonnaise, et le saladier de mousse au chocolat noir = 3 jours d'hôpital, pour empoisonnement alimentaire, lol. C'était un des délires que nous avions ensembles, nous en avons eu d'autres…
Jean  faisait tous ses dossiers de presses et de présentation de ses films lui-même, je lui faisais les maquettes qu'il souhaitait à partir des éléments qu'il me fournissait, ce qui était aussi le cas pour les maquettes de livre, puisque Jean était devenu aussi éditeur. Pour ce faire, nous nous rendions assez régulièrement au quartier de l'horloge à Paris, pour faire les copies nécessaires à ses dossiers, qui étaient par ailleurs fort bien présentés, il avait un goût très sûr pour cela, et nous nous complétions  très bien pour cela.
J'ai  des tas de souvenirs avec Jean, des trucs bien marrants zarbof et aussi parfois risqués…
La photo de Jean devant l'aquarium  prise durant
le tournage du film
Le masque de la Méduse
en 2009, évoque pour moi un souvenir cocasse quelques années plus tôt…
Après m'être garée au parking de Jean, je faisais un saut rapide au tabac de la Place Saint-Fargeau pour acheter une carte Paris-Stationnement, j'avais encore ma voiture 205 à cet moment-là. Et en remontant la rue Haxo à pied pour me rendre chez Jean qui m'attendait, je vis très nettement cette image, cette vision ; je me vois avec Jean au volant de ma voiture sortant de la résidence Les lilas, clignotant à droite et descendre la rue Haxo. Je suivais des yeux cette vision,  jusqu'à ce que la 205, disparu à l'angle de la rue Haxo pour emprunter l'avenue Gambetta.
Je restais perplexe, tant cette image est précise encore aujourd'hui dans ma mémoire. Je retrouvais Jean, lui remis le carton et lui racontais ce que j'avais vue et ressentis. Je ne saurais encore aujourd'hui déterminer comment interpreter cela. Jean était, lui aussi, perplexe, mais il me donna une explication qu'il qualifiait de persistance rétinienne.  Mais cela ne peut être valable que sur un souvenir…
Ors, là, ce n'était pas depuis un souvenir…
Je suis rentrée de mes congés le 4 octobre 2010 et achetais ma nouvelle voiture le 8 chez mon concessionnaire Peugeot à Bobigny.
Je faisais par la suite, le 11 octobre 2010, les derniers clichés de Jean qui devait servir pour le projet de couverture des Ecrits complets vol.2
C'était fin août, début septembre 2010. Jean se préoccupait de la projection du film
Le masque de la Méduse version 90 minutes, qui devait se tenir à la Cinémathèque de Paris, le 17 septembre 2010.
Jean m'avait demandé de lui crééer un carton d'invitation pour cette événementiel.
Je lui créais donc ce document, afin de le lui remettre avant de prendre mes congés en septembre, je prenais l'avion le 15 septembre pour Heraklion, en Crète. Je me rendais chez Jean, pour lui donner ce carton.
Je me souviens d'une chose étrange, que j'ai ressentis ce jour-là. Je ne saurais déterminer, mais encore aujourd'hui, j'ai cette image très précise mais fugitive que je percevais au moment, où je me trouvais rue Haxo dans le 20è en me rendant chez Jean.
Cette impression,étrange,  cette vision, je ne saurais dire exactement, me suit encore aujourd'hui.
Je me souviens précisément de ce que j'ai perçu à ce moment-là, il était 14h45,  c'était un mercredi 15 septembre, deux jours avant la projection du film Le masque de la Méduse à la Cinémathèque.
A Serge, je lui rendais compte de la situation quotidiennement par mail, c'était la moindre des choses,
je sais par ailleurs que pour lui cela s'est avéré très difficile, même s'il ne le montrait pas.
 
Je me rendais quotidiennement au chevet de Jean hospitalisé à l'hôpital Tenon à Paris.
Mais par contre, je m'abstenais de venir les samedis et dimanches où par discrétion et par respect, pour Jean, Simone, Serge, Clairette, Gabrielle et Bérénice,  je laissais ces jours-là  entre eux.
 
Nous étions tous, très affectés de ce qui arrivait à Jean, d'autant, que rien ne présageait cela.
Je me souviens, avoir croisé un vendredi en fin d'après-midi à l'hôpital, Serge et Clairette que je n'avais d'ailleurs pas reconnu.
Nous étions tous tendus, tristes et plus ou moins à côté de la plaque vue les circonstances.
J'ai décliné le logo dans sa version rouge comme le souhaitait Jean.
Le siège social de la société se situait au 8, rue Jean Goujon, Paris 8.
La société Les Films ABC n'existe plus officiellement depuis le 29 juin 2011.
C'est Serge Rollin et moi, qui avons mis la société de Jean en liquidation judiciaire avec regret,
mais nous n'avions pas le choix.
J'entends encore Serge me dire, quand nous étions au Tribunal du Commerce à Paris,
«Tu n'as pas l'impression d'enterrer Jean une seconde fois ?».
Je ressentais le même sentiment désagréable que Serge et lui fit part de ma tristesse.
Jean était tellement fier d'avoir sa société, Les Films ABC…
C'est grace à sa société qu'il pouvait produire ses films.
De ce jour-là, Jean, ne s'est plus levé et en a perdu la diction.
J'étais profondément affectée de voir mon ami, mon frère dans cet état pitoyable. Je me sentais impuissante.
Jean a perdu du poids de façon spectaculaire. Je me souviens l'avoir replacé dans son lit, il glissait.
Je me souviens en présence de Janette avoir demandé l'aide d'une aide soignante. Car même si Jean avait beaucoup maigris, il n'avait plus la force le pauvre pour se placer correctement dans son lit, il pesait lourd.
La fille me rétorque l'avoir replacé cinq minutes plus tôt et qu'elle n'avait pas le temps.
La colère me prit.
Je fis savoir à cette incapable que même si le patient en faisait la demande toutes les quarts de secondes, son rôle consistait à soulager les malades en fin de vie, qu'elle était payée pour ça et rien d'autre.
Je lui ai filé un bourre pif en lui mettant sa face en trois épisodes façon puzzle.
Jean a sourit, Janette s'est éclipsée, avec ses béquilles, j'ai replacé mon Jean comme j'ai pu.
Je voyais son regard, il me disait tout par son regard, je lui disais alors que je serais toujours là à ses côtés, il le savait.
Je n'ai jamais revu cette fille.
J'avais prévenu plusieurs personnes dont j'avais les numéros d'appel et ou les adresses mails afin de les tenir informées
de la situation de Jean.
Mercredi 22 Décembre 2010.
Je me souviens que nombre de personnes se sont perdues dans les allées du cimetière. Le cimetière du Père Lachaise étant un très grand cimetière. J'avais fait suivre à ceux dont je disposais les adresses mail, le plan du cimetière ainsi que le lieu de rendez-vous pour les obsèques. Il faisait un froid sibérien ce mercredi 22 décembre 2010 au cimetière du Père Lachaise.
Il faisait gris et la pluie tombait bientôt remplacée par de la neige.
Je me souviens avoir vu Sabine Lenoël, une comédienne fort sympathique qui a travaillé avec nous sur plusieurs films de Jean et qui me disait avoir l'impression d'aller sur un tournage.
Et c'est vrai, car, j'ai eu moi aussi, cette curieuse impression.
Sauf que là se jouait la dernière scène de la vie de Jean.
J'avais entre temps fait suspendre la ligne téléphonique du portable de Jean, le matin même et transféré tous les appels sur ma propre ligne de mobile en appelant notre opérateur OBE. Je devais prendre des décisions difficiles.
Jean était allongé dans son lit, complètement dénutri, amaigri et jaune, les yeux à peine ouverts.
Simone m'avait demandé de faire partir tout ceux qui venaient rendre visite à Jean.
Je fis ce que je pouvais, car il m'était difficile de congédier les gens comme ça, je la comprenais, mais je ne pouvais pas jouer le rôle de la police. J'étais en compagnie de Simone dans la chambre de Jean.
Et puis il a fallu organiser les obsèques.
Je signalais par mail et ou par téléphone que le corps de Jean serait incinéré dans la plus stricte intimité, donc uniquement en présence de Simone et Serge Rollin, moi, je n'y étais pas, mais par contre que la mise au caveau familial de Simone, de l'urne contenant les cendres de Jean se passerait huit jours après au cimetière du Père Lachaise.
C'est la première fois que je cela évoque ici, mais, je savais que Jean nous avais quitté, car il y a des signes physiologiques qui ne trompent pas. Je gardais cela pour moi. Simone me demande de la suivre, nous partîmes.
Il était 17h40, ce mercredi 15 décembre 2010. Sur le certificat de décès est mentionné 17h50.
Nous allâmes prendre un café ensemble puis nous nous séparâmes.
Simone se rendait chez Serge, moi de mon côté, je rentrais chez moi, seule et triste.
Arrivée à mon domicile, un appel d'Anaïs Bertrand m'apprenant que Jean venait de s'éteindre.
J'étais à bout de nerf et à bout de force et tentais de ne rien laisser paraître. Je lui dis que je me déplaçais à l'hôpital.
Je téléphonais à Jean-Pierre Bouyxou qui a été formidable, je ne me sentais pas bien, et là, il me dit de venir de suite,
je venais d'avoir une attaque cardiaque.
Durant mon absence,Anaïs tente de me joindre, je ne répondais pas à son appel. Anaïs avait eu peur qu'il m'arrive quelque chose, de son côté, Simone me laisse un message à mon domicile en me disant que Jean est décédé.
Ceci est le logo officiel de la société Les Films ABC™ s.a. que j'avais créé à la demande de Jean Rollin au début de notre rencontre en 1990.
La version bleue était pour la société Les Films ABC proprement dite.
Par la suite, quand je suis devenue son administratrice en 1995, juste après le tournage du film
Les deux orphelines vampires,
et que Jean était devenu éditeur, nous avons fait les changements administratifs sur la société afin d'y ajouter l'édition, ce qui donnait  ;
Les Films ABC s.a. et Les éditions Films ABC.
Il y avait beaucoup de monde aux obsèques de Jean, outre sa famille, beaucoup d'amis du monde du cinéma étaient présents.
Non, Jean n'est pas parti dans l'indifférence générale comme il a été dit ou écrit.
Cela a fait une trainée de poudre via internet. Je ne sais pas qui a fait cette annonce par internet.
J'ai retrouvé mon ami Daniel, qui m'a téléphoné, je ne lui disais pas alors que du fait des circonstances j'avais fait une première attaque cardiaque, je ne voulais pas lui causer une frayeur. J'ai eu Natalie Perrey aussi, qui a été formidable.
Mais par quelle bizarrerie, Natalie Perrey, Norbert Marfaing-Sintès, Jean-Loup Philippe, et bien d'autres se sont perdus dans les allées du cimetières du Père Lachaise, mystère…
Nous nous sommes retrouvés par la suite, dans un café Place Gambetta, boire un verre en mémoire de Jean.
Je ne suis pas restée trop longtemps, car j'étais épuisée. Et la disparition de Jean me pesait terriblement.
Je n'ai rencontré Louise Dhour qu'une seule fois en compagnie de
Jean Rollin, voici quelques années déjà. C'était lorsque nous étions en post-production du film Killing Car, en 1993.
Jean et moi, avions rendu visite à Louise qui demeurait à l'époque dans le 15è arrondissement de Paris. Nous avions fait d'abord un crochet par les Studios Dimson qui se trouvaient aussi dans le 15è et étaient aussi partenaire sur le film.
Je me souviens avoir été très impressionnée par  le charisme et la personnalité très forte de cette Grande Dame, d'une très grande gentillesse et d'une sincérité profonde.
Nous devions nous revoir, car Jean avait émis le souhait, de la faire tourner dans un de ses projets de films qui devait suivre après le tournage de Killing Car. Hélas, les aléas et les vicissitudes de la vie en ont décidé autrement. C'est mon ami Daniel Gouyette qui m'a appris la disparition de Louise, peu de temps après celle de Jean, début 2011. Et je le regrette fort, car tout comme Natalie Perrey,  Louise Dhour, fait partie de ces personnalités mythiques du cinéma. Je l'entends encore évoquer ses souvenirs de tournage avec Jean. [Les démoniaques, Requiem pour un vampire, Les paumées du petit matin ].
Je garde un très bon souvenir de cette rencontre avec Louise Dhour.
Ci-dessous,
un petit présent que m'a fait
Louise Dhour.
C'est au lendemain de cette signature après avoir raccompagné Jean à l'hôpital en compagnie de Simone que j'appris ce dont souffrait Jean.
Jean me téléphonait pour m'annoncer qu'il avait un cancer avec métastases aux poumons et qu'il avait été transféré au service oncologie de l'hôpital Tenon.
Mais, il ne paraissait pas encore abattu par cette mauvaise nouvelle.
Je m'efforçais de ne rien laisser paraître à cette annonce.
Je me rendais évidemment à l'hôpital le lendemain de son coup de fil.
Simone m'appelait de bonheur le lendemain matin à 7 heures et me demandait ce que c'est un cholangiocarcinome.
Quand Simone prononça le mot de cholangiocarcinome en me demandant ce que c'était, je lui proposais de nous voir avant d'aller voir Jean à l'hôpital. Je ne pouvais pas lui donner la signification de ce truc par téléphone.
Je citerais ces phrases placées en exergue de la première page de ce site ;
 
Ce sont les morts qui rêvent des vivants, pas l'inverse.
in Les deux orphelines vampires
Jean Rollin
 
Jean fit un pas en avant.  Et… Et Jean-Michel entra dans le champ de marguerites.
in La peur est un bombon anglais Rien n'est vrai
Jean Rollin
 
Mes amis, Jean & Simone Rollin me manquent aujourd'hui terriblement, mais ils resteront à jamais dans ma mémoire et dans mon cœur.
La petite consolation est que je retrouve une part de Jean à travers Serge Rollin, mon ami.
Décembre 2010. Simone me téléphone inquiète. Et m'apprend l'impensable.
Le personnel soignant avait l'idée de déplacer Jean dans une unité de soins palliatifs aux environs de… Sèvres, autrement dit à l'autre bout de Paris, très éloigné du domicile de Simone Rollin qui se rendait à pied voir Jean quotidiennement.
Simone habite le 20è arrondissement de Paris et Jean était hospitalisé à l'hôpital Tenon dans le même arrondissement.
Simone souffre d'une Dégénérescence Maculaire Liée à l'Age communément appelé DMLA, et il lui est donc très difficile de conduire du fait de cette pathologie. Je me déplaçais alors à l'hôpital, afin d'obtenir de ne pas déplacer Jean.
Nous étions le 15 décembre 2010…
Simone restait silencieuse.
J'allais trouver les deux médecins en dehors de la chambre de Jean et leur fis savoir mon mécontentement quant à la façon cavalière dont  ils s'étaient adressés à Jean en présence de son épouse.
Ils reconnurent en effet en partie leur maladresse, mais rien désormais n'arrêterait l'inexorable…
Jean Rollin 18 novembre 2010
Jean souffrait de quelque chose de grave sur lequel aucun nom ne pouvait être mis sans la certitude des analyses médicales venant les valider.
 
La librairie Hors-Circuits organisait alors une signature le 18 novembre 2010 pour la sortie des
Ecrits complets vol.1 ainsi que des mémoires Jean Rollin
MoteurCoupez!.
Jean était encore en mesure de se lever et de marcher, même si c'était à petits pas, mais c'était déjà ça.
Ayant par le passé travaillé comme photographe de bloc pour la Croix-Rouge Française, j'avais beaucoup appris, et je sais lire certains résultats d'analyses biologiques.
Je traduisais systématiquement à Jean, toutes les informations que l'on ne lui disait pas.
Jean est retourné à l'hôpital Tenon à Paris. Le personnel soignant cherchait ce qui affectait Jean.
Et puis un jour que je me trouvais auprès de Jean dans sa chambre d'hôpital, il me demande de l'aider à fermer un flacon pour des prélèvements biologiques. Je m'exécutais bien sûr, et je vis le flacon en question. Je demandais à Jean, ce à quoi cela correspondais, vu la couleurs…
Jean me répondit alors qu'il s'agissait de ses urines. Quand je vis la couleur, j'appelais immédiatement l'infirmière de garde.
Je lui fis part des mes inquiétudes qui me taraudaient quant à la couleur des urines de Jean.
N'étant pas médecin, j'avais quand même compris qu'il s'agissait-là d'une atteinte du système hépatique.
Jean Rollin 11 octobre 2010
Dès que Jean avait le droit de sortir, j'allais le prendre pour le mener à son domicile, ou nous trouvions un peu de répit à tous ces ennuis de santé.
C'est à ce moment que Jean m'a demandé de faire ces clichés destinés dans un premier temps à un projet de couverture de livre ;
Les écrits complets vol.2 
qui devaient paraître avant la fin de l'année 2010 aux editions eDite.
 
Ci-dessous, Jean tenant entre ses doigts des yeux de poupées devant servir à un décor insolite reconstitué d'une bibliothèque
où ces yeux devaient apparaître sur les dos des livres pour le projet de film
La fiancée du crocodile.
Je trouvais Jean, fatigué et soucieux. Il me disait que la manifestation à la cinémathèque s'était bien passée.
De mon côté, je devais acheter une nouvelle voiture, c'est moi qui emmenais Jean partout, il ne conduisait plus depuis longtemps, il en aurait été par ailleurs incapable, il se sentait rassuré de savoir que c'étais moi qui l'emmenais.
Avec un métier comme le mien, ne pas être véhiculé est une aberration pure.
Je m'inquiétais de le voir dans cet état et je le trouvais amaigris, et puis sans vitalité.
Je décidais de l'emmener en consultation médicale, c'était en octobre 2010.
Il vit son médecin traitant, qui décidât de l'hospitaliser en urgence, pensant qu'il avait contracté…  une maladie tropicale…, à Paris.
Jean est entré à l'hôpital Tenon à Paris début octobre 2010.
Je me rendais bien évidemment tous les jours à son chevet, et je voyais bien qu'il y avait quelque chose d'inusité, il était d'ailleurs en service Médecine des maladies tropicales…
Jean était entre autre, en contact avec un certain Monsieur Fani de la Bibliothèque François Mittérand à Paris.
Ce Monsieur Fani souhaitait faire une publication des lettres personnelles de Denise Rollin, la maman de  Jean Rollin.
Mais je sentais que Jean était perplexe quant à cette publication bien qu'il avait eu de très bons contacts avec.
Le cimetière de L'Hay-les-Roses
Jean Rollin entouré de Marie-Delphine Montoban et Marlène Delcambre. Décembre 2009 au domicile du cinéaste disparu.
Cet hiver 2009/2010 était particulièrement glacial.
Les scènes extérieures ont été, quant à elles, tournées au Cimetière du Père Lachaise au lieu du cimetière de L'Hay-les-Roses et dans un champ proche de la petite commune de Santeny en Seine-et-Marne, décor où s'est tournées en 1993, les scènes finales du film Killing Car.
Le froid était tellement intense que la comédienne Marlène Delcambre en a perdu 3 kilos quand nous étions sur le décor de Santeny.
Pour ma part, de m'être retrouvée à Santeny, évoquait pour moi, mon premier long métrage avec nostalgie.
Nous avons fait en décembre 2009 après notre retour sur Paris différents repérages pour les décors nécessaires à la version longue du film Le masque de la Méduse, nous avions été au cimetière de l'Haye-les-Roses, où se trouve inhumée la maman de Jean Rollin, puis, nous avons trouvé un endroit dans Paris 18èm , une cave voûtée dans laquelle toutes les scènes intérieures de la crypte ont été tournées, il y faisait un froid glacial.
J'étais partie quelques jours en congés à Heraklion en Crète, j'avais eu le temps de faire le carton d'invitation pour la projection du film à la Cinémathèque de Paris qui se tenait le 17 septembre 2010, et de prendre avec moi, durant mes congés, le scénario premier jet du futur film qui n'a pas vu le jour
La fiancée du crocodile.
 
Je n'étais pas présente à la projection du film Le masque de la Méduse, mais en suivais toutes les étapes par téléphone avec Jean. Je profitais de ces quelques jours de congés pour me plonger dans cette nouvelle aventure du futur film qui je l'espérais intérieurement verrait une issue favorable, les premiers repérages ayant été mis en place par notre productrice Anaïs Bertrand.
 
A mon retour à Paris, la première chose était de voir mon Jean que je trouvais affaibli.
Je lui parlais du scénario La fiancée du crocodile et lui donnais mes impressions de photographe.
Jean m'expliquait alors les projets de décors presentis.
Mais je restais perplexe, je sentais quelque chose de bizarre…
Nous nous rendions à L'envol Vidéo place Saint-Michel à Paris. Nous avions garé la voiture dans un parking souterrain proche des quais de Seine, pas trop loin de la salle de montage, Jean avait des difficultés à parcourir de longues distances à pieds. La version 52 minutes du film Le masque de la Méduse était en cours de montage final, et le fichier numérique partait ensuite dans une autre salle de montage toujours à l'Envol vidéo mais rue Lacordère dans le 15èm arrondissement de Paris, afin de parfaire l'étalonnage du film et ajouter les bandes effets nécessaires.
Nous approchions de la fin de l'année 2009, et nous devions nous mettre en œuvre afin de trouver les décors supplémentaires pour la version 90 minutes du film.
 
La Cinémathèque de Toulouse nous a entre temps conviés au Festival Extrême Cinéma en novembre 2009 et proposé la présentation en exclusivité du film Le masque de la Méduse dans sa version 52 minutes agrémenté d'une signature des mémoires de Jean Rollin MoteurCoupez!.
Nous étions à Toulouse pour quelques jours, quand Jean me fit art de sa tristesse d'avoir perdu son frère Olivier 10 ans plus jeune que lui. Je le consolais comme je pouvais, bien qu'aucun mots dans ces circonstances là, n'aient aucun pouvoir consolateurs. Et puis Toulouse, la rose, était aussi la ville où Carel, le second fils de Jean avait disparu en 2001.
Heureusement que nous avons été accueillis avec chaleur de la part du Festival Extrême Cinéma
ce qui permis, malgré tout, de ne pas trop se laisser aller à de sombres pensées .
Bien que Toulouse est été hélas, la ville où disparaissait Carel, son second fils en 2001.
De retour, sur Paris, nous travaillions sur le scénario de la version 90 minutes du film,
Le masque de la Méduse, mais je sentais, Jean, préoccupé.
 
Nous nous trouvions tous les deux sur les quais de Seine en repérages. Jean éprouvait une grande fatigue et éprouvait depuis quelques temps des difficultés à se mouvoir, mais, il était animé par le plaisir  chaque fois que nous tournions.
Et il me dit cette chose :
«Véro, crois-tu qu'il me reste encore longtemps à vivre ?» 
Nous étions très proches Jean et moi, comme frère et sœur, notre amitié était indéfectible.
Nous étions en symbiose.
Habituellement, je parvenais à répondre, mais, là, je suis restée sans voix, soufflée par cette question.
Je ne savais vraiment pas quoi lui répondre. Jamais, Jean ne m'avait tenu un tel discours en plein repérage ou tournage.
C'était une force de la nature, lui qui était passé par tant de vicissitudes côté santé.  Il est vrai que depuis son AVC sylvien et son triple pontages coronariens d'octobre 2007 sa santé s'était détériorée graduellement, mais, rien ne présageait d'un départ aussi soudain en décembre 2010.
J'éludais la question en reprenant le fil de notre conversation au sujet du projet de scénario en version 90 minutes du film,
Le masque de la Méduse.
Je me souviens de lui avoir suggéré l'idée d'un souvenir qui serait évoqué par Jean-Pierre Bouyxou ou Jean-Loup Philippe. Il a choisi Jean-Pierre. 
Cependant, les étranges paroles de Jean me hantaient, je restais songeuse…
Quand Jean s'est décidé à écrire ses mémoires en 2005, il m'a dite une chose qui m'a fait froid dans le dos.
Il m'avait dit que lorsque l'on entreprenait  d'écrire ses mémoires, le décès n'était pas loin… Il m'avait dit cela sur le ton de la plaisanterie, sachant quelle réaction j'allais avoir ; pas bonne. La mise en chantier de l'écriture de ses mémoires a pris plusieurs années. A l'origine, son livre devait paraître aux Editions Rouge profond, mais cela ne s'est pas fait et MoteurCoupez a été publié aux Editions e/Dite et sorti en novembre 2008 en même temps que la sortie du film
La nuit des horloges.
Jean 11 octobre 2010.
Ces yeux de poupée devaient servir à un autre film qui ne verra pas le jour ;
La fiancée du crocodile.
Je me souviens d'une étrange parole que Jean m'a dite un an avant sa disparition, nous étions en post production du film
Le masque de la Méduse version 52 minutes. Nous étions partis au Festival Extrême Cinéma à Toulouse en novembre 2009.
Il venait d'apprendre la disparition de son frère Olivier, ce qui l'avait affecté, car il m'avait décrit les dernières images qu'il avait de son frère hospitalisé. J'essayais du mieux que je pouvais de le soutenir dans cette épreuve, et le fait que nous ayons été au Festival Extrême Cinéma pour la signature de ses mémoires MoteurCoupez! et la présentation du film, nous y aida pour beaucoup.
Ces photos sont les dernières que Jean m'a demandé de prendre
le 11 octobre 2010. Ces clichés étaient destinés à un projet de couverture pour un ouvrage qui n'a pas vu le jour
Les Ecrits complets vol.2
Je m'étais absentée pour quelques jours à l'étranger en congés, j'avais besoin de temps en temps de m'éloigner  pour souffler un peu. En revenant de vacances, je me suis vite aperçue que quelque chose n'allait pas. Il était déjà bien épuisé. Une fois de plus J'emmenais Jean en consultation proche de son domicile dans un premier temps. Le personnel soignant a cru qu'il avait contracté une maladie tropicale… à Paris… il a été hospitalisé…
Jean tenait à faire ce tournage en région Bretagne.
Mais, à la lecture de ce scénario, le problème financier se posait.
Je me souviens que le casting prévu pour ce tournage était composé de Jean-Pierre Bouyxou pour faire le loup-garou,  Sandrine Thoquet (Sandrinette) pour jouer Tuatha,  Jean-Loup Philippe pour interpreter le châtelain maléfique,ceci  pour les rôles principaux.
Nous étions très emballés par ce projet qui hélas n'a pu aboutir.
Jean avait déjà toute une documentation sur les lieux de décors. En Bretagne et bien sûr à Pourville-les-Dieppes…
Jean trouvait le temps long, ce qui se comprend, mais, cette greffe rénale était la porte ouverte à une nouvelle liberté pour Jean comme pour moi, où nous pourrions vaquer plus aisément à nos projets, ce qui a été en effet le cas. Ne plus avoir la contrainte des dialyses a été salvateur pour Jean. Mais il y avait par contre les contrôles de greffon.
Jean prenait des anti-rejets à vie.
La chose étant impossible, nous ne pouvions monter en voiture avec les policiers qu'en état d'arrestation. Gag. Nous prîmes le parti tout en les remerciant de continuer notre chemin clopinant vers l'hôpital où Jean a été pris en charge par le personnel soignant médusé et passablement hilare.
Je n'avais vraiment pas le temps de m'ennuyer avec Jean, tant les situations étaient étranges, bizarres, et parfois cocasses…  A ce stade-là, ce n'est plus un sketch mais un long métrage. Mais tout est authentique.Zarbof.
Pas de coton hydrophile, encore moins de pince à clamper… Bref, j'ai dû faire avec les moyens du bord.
Nous voilà Jean et moi en train de tenir ce petit tuyau qui sort sur son côté droit avec un vieux ciseau à ongle rouillé et un morceau de coton de fortune trouvé-là, chez Jean par hasard, à déambuler dans la rue, direction les urgences de l'hôpital Tenon à Paris à 22h30. Jean avait suggéré de couper le petit morceau de tuyau qui sortait de son côté. Evidemment, non lui ai-je dit. Nous nous déplacions lentement dans la rue quand une voiture de police s'arrête à notre hauteur et les policiers nous demandant si tout allait bien, pensant très certainement avoir à faire à un couple ivre. J'expliquais la situation aux policiers qui avaient envie de rire, et leur demandais si par hasard, ils pouvaient nous déposer aux urgences de l'hôpital Tenon.
Un soir, il devait être 22 heures, Jean me téléphone et me dit, qu'il avait comme de l'eau sur le côté droit. Je trouve cela étrange et je prends ma voiture et parts le retrouver. Je vois mon Jean avec une grande tache humide sur le côté droit en effet. Je regarde plus attentivement, et je vois comme un minuscule tuyau sortir de son coté droit sur son flanc. Lors de sa greffe, Jean avait à l'intérieur, ce que l'on appelle une sonde double J qui raccordait son greffon à son  uretère et qui s'était décrochée. Rien de bien méchant, mais Jean ne disposait pas de pharmacie au sens normal où l'on entend la chose.
Et il nous est arrivé un chose curieuse. Jean se rendait régulièrement à l'hôpital proche de son domicile en consultation nephrologie pour son rein,  tous les 3 mois, par la suite tous les 6 mois à Nantes. Il faut savoir qu'une greffe de cette nature, c'est un peu de la tuyauterie. Je ne vais pas ici expliquer comment se passe une greffe de rein. Le rein est greffé sur le devant, à gauche ou à droite, c'est donc ce que l'on appel un rein greffon flottant.
Les autres reins qui ne fonctionnent plus, eux, sont toujours en place dans l'organisme.
Curieusement, le seul festival où je me suis rendue sans Jean Rollin
est celui de Cannes.
Jean ne trouvait pas utile d'y aller.
Aussi, m'avait-il fait les documents nécéssaires afin de le représenter ainsi que Les Films ABC. Ce qui se fait beaucoup.
Jean oubliait cet aspect des choses.
Je me souviens que Jean me téléphonait sur les horaires de Paris, ce qui fait que moi, je recevais les appels
avec 12 heures de décalage en moins, souvent la nuit ou au chant du coq…
De même sur d'autres destinations, j'ai eu le droit a des appels en horaires décalés.
Je ne lui en voulais pas, je trouvais cela amusant. Jean avait le permis de conduire mais ne conduisais plus depuis longtemps. Heureusement. C'était donc moi avec mon véhicule personnel que s'effectuait les déplacements divers et variés. J'ai dû acheter une nouvelle voiture en 1996, une 205. Mais pour aller chercher le nouveau véhicule à Gennevilliers, Jean me propose de m'y emmener avec la voiture de Simone Rollin. Misère !.
Jean avait tendance à penser à autre chose, il s'égarait en rêveries…  Il oubliait qu'il était au volant, et pensait à autre chose. Le qualificatif de rêveur égaré s'appliquait tout à fait. J'ai eu de sacrées frayeurs, sur ce coup-là. Quand j'ai pris la 205, je lui dis ; « Tu me suis…», pour ramener la voiture de Simone et aussi, parce que Jean n'avait pas le sens de l'orientation. Je n'ai pas emprunté le périphérique, mais la simple route, pensant que cela serait moins scabreux. Non, il a rasé tous les rétroviseurs des  véhicules garés, et oubliait de rester derrière moi en changeant de voie, avec les clignotants en option…
Je lui ai dit, plus jamais, il ne touche un volant de voiture de sa vie. C'est donc moi qui le conduisais partout quand c'était possible, et bien sûr, lors des  repérages et de tournage de film.
Nous avions un très bon forfait mobile, mais cela n'empêche pas que nous nous sommes retrouvés Jean et moi avec une facture de téléphone mobile astronomique…
Le centre de convalescence où Jean se trouvait dans la région de Nantes était un centre très isolé. Simone qui avait été voir Jean avaient décidé de ne pas se contenter des plateaux repas destinés au opérés convalescents. Ils avaient donc pris les plateaux destinés au personnel soignant ; tollé général.
Je restais quelques heures avec Jean avant de reprendre mon train pour Paris, car , je partais pour 3 semaines à Los Angeles.
J'expliquais alors cela à Jean, mon absence correspondait à la durée de sa convalescence. Aux Etats Unis, je téléphonais deux à trois fois par jours à Jean quand le réseau le permettait,  toujours en pensant au décalage horaire, que Jean ne maîtrisait pas vraiment. Nous avons passé des heures au téléphone à rigoler, il était aussi impatient de mon retour. Je me souviens qu'il m'avait demandé si j'avais téléphoné à Serge et Simone avant mon départ pour les US. Je lui affirmais l'avoir fait en lui racontant bien sûr, la réaction de Simone et Serge concernant sa couleur.
Jean n'en pouvait plus de ces dialyses qui lui gâchaient la vie. Je devais partir à Los Angeles 3 semaines, mais avant de prendre mon vol pour les US, je m'étais rendue en TGV à Nantes où il était hospitalisé. Arrivée au CHU de Nantes, je cherchais mon  Jean dans cet hôpital immense. Je me renseignais auprès de deux médecins qui m'indiquèrent la chambre où se trouvait Jean. Je frappais à la porte et refermais aussitôt la porte de la chambre, pensant m'être  trompée… Et je vois un monsieur très bronzé me faire de grands signes en me disant ; «Véro, c'est moi !»
L'un des deux in ternes était resté avec moi, et me demande, comment je trouve Jean.
Cela ne s'invente pas. Je regardais d'un air médusé  Jean qui arborait un bronzage, plus que foncé, il était devenu noir.
Je répondis au médecin qui m'avait accompagné, trouver Jean, très bien à un détail près ; sa couleur.
Le médecin sourit et me dit que cela pouvait arriver, car c'est un choc opératoire, Jean étant resté 11 heures au bloc, son organisme avait réagit de cette façon-là, mais il allait recouvrer assez rapidement sa couleur d'origine…
Je retrouvais Jean avec plaisir, mais je signalais au médecin, un petit soucis, comment allais-je dire à Simone Rollin et Serge Rollin qui attendaient  mon  appel téléphonique pour leur donner des nouvelles de Jean, qu'il était devenu noir, ce qui lui allait très bien au demeurant. Un sketch. Lol.
Un autre souvenir, bien zarbof (bizarre), assez délirant aussi. Quand Jean a reçu un appel pour la greffe de rein, il m'a téléphoné à son tour, inquiet. C'était très tard dans la soirée, un vendredi d'octobre 2000.
Je me suis déplacée, pour l'aider à  préparer ses effets personnels.
Nous avons attendu ensembles le véhicule sanitaire léger qui venait le prendre pour le mener à Nantes, où il recevait sa greffe rénale.
Je le rassurais et lui expliquais, alors, ce qu'il allait se passer.
Jean n'avait pas le sens de l'orientation. Combien de fois il a fallu que je le retrouve, même sur les tournages… Quand Jean se déplaçait même sur Paris, c'était quelque chose. Alors il m'appelait en me demandant de venir le chercher. La phrase, souvent que je lui disais, était « où es-tu ?»
Ce titre du documentaire Jean Rollin, le rêveur égaré, réalisé par mes amis de PurplMilk production,  est très bien trouvée. Je me permettais des congés à l'étranger 15 jours tous les six mois hors saison. Je prévenais Jean du lieu de destination et de la durée de mon absence, 6 mois à l'avance, car je savais que ça ne lui plairait pas, donc je le prévenais toujours très longtemps à l'avance pour ne pas le mettre au dépourvu…. En 2009, je suis partie 3 semaines en Polynésie française. Je le préviens comme d'habitude en lui expliquant que là, il y a un décalage horaire important ;
11 heures en hiver, 12 en été. Je lui expliquais donc, que c'est moi qui l'appelle dès mon arrivée à Tahiti. J'avais 22 heures de vol jusqu'à Papeeté. Mais Jean, pour lui, cela n'avait pas grand sens, il m'appelle. Et il m'inscendie, parce que je ne lui réponds pas, lol. La première chose que je faisais évidemment, était que dès que j'étais arrivée à destination avant même de reprendre mes bagage, je lui téléphonais en calculant le décalage horaire.
Une heure ou deux avant notre arrivée à Paris, Jean ne se sentait pas très bien, j'avais alors pris l'initiative
de nous faire porter notre petit déjeuner dans notre wagonnet, et nous l'avons pris dans notre chambre.
Et puis, arrivés en gare de Paris-Austerlitz, Jean ne pouvait pas se lever, il avait des crampes très douloureuses, je savais alors, que ces problèmes étaient dûes précisément aux dialyses. Je prévins le responsable du wagonnet, branle bas de combat pour sortir Jean du train qui ne tenait pas debout.  Le responsable de train, très ennuyé, me disait ; « on ne va tout de même pas casser une vitre pour le sortir de là !»
Le chef de train a été vraiment sympa, et a fait venir une civière, quant moi, je me chargeais de nos bagages comme j'ai pu, tout en m'excusant de la gêne occasionnée. Je signalais le souci par téléphone auprès du néphrologue qui suivait Jean, et d'ailleurs, Jean, s'est retrouvé au centre d'hémodialyse le jour même. C'était cela aussi le quotidien avec Jean, mais cela ne me dérangeait pas. Il se sentait rassuré de me savoir à ses côtés dans ces difficultés-là, il me l'avait souvent dit, c'était rocambolesque.
Nous errions Jean et moi à la recherche d'un petit restaurant humain afin de pouvoir nous sustenter, surtout pour Jean qui pour des raisons de santé ne pouvait pas se permettre de sauter un repas. Heureusement, je me souviens que nous avions eu  beau temps, San Sebastian est un peu comme Cannes, une station balnéaire, plus agréable sous le soleil que sous la pluie.
Il me semble bien que les films de Jean présentés cette année-là étaient Fascination, et bien sûr
Les deux orphelines vampires.
Le retour à Paris a été épique.  Jean qui était sous dialyse,  avait de fréquents malaises.
Nous prîmes le train retour Paris,  nous voyagions de nuit, c'était le Talgo, nous étions en train hôtel, ce qui veut dire pas en couchette, nous disposions d' un T2, Jean dormait dans le lit du bas, moi, celui du haut.
C'est comme pour le Palatino qui lui, va à Rome en Italie.
Mais le problème, c'est que dans le Talgo, les fenêtres ne s'ouvrent pas…
Ici, Jean Rollin et son prix reçu au
Festival de San Sebastian septembre 1997.
Une araignée vampire empalée sur un pieu.
 
Tous les trophées de Jean Rollin sont désormais au
Fonds Jean Rollin à la Cinémathèque de Toulouse.
En octobre  1997,
nous sommes partis pour un festival
en pays basque espagnol à San Sebastian.
Jean a reçu un prix pour l'ensemble de son œuvre.
 
Le Festival de San Sébastian est un festival international très important. Il y avait un monde impressionnant.
Jean qui accordait une importance à son estomac s'inquiétait  toujours et avec raison, de ce qu'il allait manger.
Et en effet, la gastronomie y était particulière, en tout cas cette année-là. Du taureau au miel chaud nous avait été servi… Les festivaliers n'ont pas pu en manger et nous encore moins… Dans un autre restaurant, des filets de poisson blanc au sucre, une horreur… Nous avons eu droit aussi aux calmars violets avec tentacules et ventouses nageant dans de l'encre, Jean en avait 5 dans son assiette, je lui donnais les miens, cela lui en a fait 10, mais il n'aimait pas cela…
Juste après, j'accompagnais Jean en consultation en néphrologie à Créteil, et une longue attente pour une greffe rénale commençait alors…
Ci-dessus, Jean Rollin petit, 1941, devant la vitre de l'ancien aquarium du Trocadéro à Paris.
Cette photo je l'ai placé en version sépia sur la quatrième de couverture du livre
Les deux orphelines vampires
Il y a eu d'autres voyages que nous avons fait Jean et moi.
Malheureusement, je ne dispose pas de photos pour illustrer cela.
Il y a eu Cosne-sur-Loire. C'était un voyage pour une signature de livres.
C'était après le tournage du film
La fiancée de Dracula.
Nous n'y sommes restés que deux jours il me semble. Ce dont je me souviens le plus, c'est que le restaurant dans lequel étaient conviés les auteurs n'était pas très bon.
Mais l'important est que nous avions passé de bons moments…
  Je me suis rendue plusieurs fois au Festival de Cannes, j'y rencontrais surtout des techniciens, mais le plus passionnant était le Marché International du Film.
J'étais quotidiennement en communications téléphoniques avec Jean.
J'en garde un bon souvenir, bien que j'eusses de très loin, préféré que Jean m'accompagnât.
Je ne restais en règle générale, que 5 ou 6 jours maximum au Festival de Cannes.
Jean Rollin était surnommé aussi
le Clovis Trouille du cinéma.
Ici, nous nous étions rendus Simone Rollin, Jean Rollin et moi à l'isle Adam en banlieue parisienne où il y avait une exposition de ce peintre que Jean affectionnait. Février 2010.
Jean devant la vitre d'un aquarium dans le musée des Arts africains et océaniens pendant le tournage du film
Le masque de la Méduse.
Jean sourit, car il se remémore, la gaffe que nous avions vécu par le passé dans le même musée, nous n'avons pas pris le risque de récidiver,
car nous étions en plein tournage et cela aurait été embêtant de ne plus avoir ce décor avec des gros frais pour bris de glace…
et de poissons tropicaux frétillant sur le sol…
L'idée nous vint donc un jour, de refaire une photo dans le même esprit au Musée des Arts africains et océaniens pour le projet de couverture du livre
Les deux orphelines vampires.…
Nous obtenons l'autorisation de faire un repérage photos dans le musée qui était fermé durant assez longtemps pour travaux de rénovation et de réaménagement. Ce qui était pratique, car cela nous épargnait de subir la foule des touristes, il n'y avait personne à part nous et les gens qui travaillaient à la rénovation du musée.
Jean n'avait pas  vraiment le sens de l'équilibre.
Nous  arrêtons notre choix devant un petit aquarium, mais il y avait une margelle que Jean devait escalader.
Je lui dis de faire attention quand même…
Et une fois sur la margelle en équilibre, je cadre, et je ne sais pas comment, Jean commence à vaciller, trébuche et perd l'équilibre.  Son poignet gauche tappe violemment la vitre de l'aquarium… Une grande fêlure se forme alors sur la vitre de l'aquarium au dos de Jean avec le bruit qui va bien avec. Je lui dis de descendre vite de là… Et lui saisissant la main,  nous nous sommes enfuit en courant, quand  un grand fracas de verre qui se brise suivi  d'un déversement d'eau se firent entendre…
Nous nous sommes très vite éclipsés.
Je n'ai pas pu faire la photographie désirée, tant je riais.
Il devait y avoir une fragilité dans le verre, car une vitre d'aquarium c'est quand même solide…
Les plans galères à Jean Rollin…
Sur la quatrième de couverture du livre, la photo de Jean, petit, devant la vitre de l'ancien aquarium du Trocadéro à Paris 1941.
Quand nous avons décidé de faire la version Deluxe du livre
Les deux orphelines vampires,
j'ai placé en quatrième de couverture, une photo de Jean petit, posant devant un aquarium, qui se situait au Trocadéro à Paris depuis remplacé par un complexe moderne très différent de celui qui existait alors, et que j'avais connu aussi étant enfant.
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03 novembre 1938 - 15 décembre 2010
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