Ci-dessous, le visa d'exploitation et la classification du film
Documents officiels de l'existence d'un film de long métrage.
Ici, pour le film La nuit transfigurée devenu La nuit des horloges.
Demande d'agrément d'aide CNC
Visa d'exploitation du film délivré par La Commission de Classification des Œuvres cinématographiques
Conseil Supérieur de l'Audiovisuel [La censure]
Jean Rollin était donc le Président Directeur Général de son entreprise, et Lionel Wallmann ainsi que moi-même en étions les administrateurs, et il y avait plusieurs actionnaires… De mémoire au nombre de 7…
La gestion d'une société est compliquée à fortiori lorsqu'il s'agit d'une société de production de films que cela soit de courts ou de longs métrages, et cela coûte très cher….
Le capital de la société de Jean était constitué par le catalogue des films de Jean Rollin ainsi que du catalogue des ouvrages.
Les Films ABC™ s.a. était une société de production de films art et essai.
Quand Jean nous a quitté, il n'y avait pas de repreneurs potentiels. Si j'avais eu l'argent et les compétences de gestion d'entreprise, j'aurai aimé reprendre sa société, car en qualité d'administratrice, cela semble possible.
Serge Rollin, le fils de Jean, ne pouvait pas non plus reprendre la société de son père et Les Films ABC™ s.a. a été mise en liquidation judiciaire… Cela a pris 3 ans.
Avec Serge, nous avion la désagréable impression d'enterrer Jean une seconde fois…
Je me souviens encore, lorsque nous étions au Tribunal de Commerce à Paris, c'était impressionnant, c'est à cette occasion que je vis pour la première fois qu'une société est jugée en qualité de personne morale de son devenir, l'attente est longue mais le jugement est quant à lui rapide…
La société de Jean Rollin, Les Films ABC™ s.a. n'existe donc plus depuis novembre 2013.
Il y a énormément de festivals du film, spécialisés ou non en France et à l'étranger, je ne pourrais pas tous les nommer, mais, je me souviens avoir accompagné Jean souvent à ces festivals. Que de bons souvenirs…
Ci-dessous quelques images de Jean et son prix reçu au Festival du Film international de San-Sebastian 18~09~1997 au 27~09~1997.
Souvent identifié par les dénominations suivantes : -10 -12 -16 -18 et X, qui contrairement pour cette dernière appellation n'est pas réservée exclusivement aux films dits pornographiques mais à toutes œuvres cinématographiques dont les genres sont aussi fantastique, horreur, gore… ou toutes œuvres destinées à un public adulte voire averti. Cette classification, était par le passé représentée par le fameux rectangle blanc depuis remplacé par les indications des tranches d'âges du CSA.
Une fois ces modifications faites, le film peut être à nouveau présenté à la commission de censure, avec un nouveau montage et les scènes litigieuses enlevées. Le métrages s'en trouvant de ce fait, modifié.
Jean m'avait raconté que dans certains cas, des inspecteurs étaient envoyés en salle où était projeté le film afin de contrôler le métrage du film (sa durée) et vérifier si les modifications avaient été apportées.
Le film peut dans sa nouvelle version recevoir son visa d'exploitation, s'il passe l'étape du CSA. C'est la phrase que l'on voit parfois avant la projection du film :
Film déconseillé pour tel tranche d'âge
Attention certaines scènes peuvent heurter /choquer la sensibilité du public ou des spectateurs/téléspectateurs.
Les classifications des films sont apparentes sur tous les supports de diffusion ; Cinéma, Télévision, DVD/Blu-Ray et sur les plateformes VOD, et les diffusions internet.
C'est le numéro de visa d'exploitation de l'œuvre.
Ces documents sont en quelque sorte les papiers d'identité du film.
Ils font références au film par son titre, à son réalisateur donc de sa propriété intellectuelle, le métrage du film, et bien sûr le genre, la société de production….
Il arrive parfois qu'une œuvre présentée à la commission soit censurée lorsque certaines scènes sont jugées trop chocantes ou violentes et de nature à heurter la sensibilité du public.
Le film ne peut donc être diffusé au grand public et doit sous conditions de retirer les scènes trop choquantes ou violente, repasser en commission de censure.
Ce que l'on voit au générique d'un film, en général au début, c'est le numéro du Visa d'exploitation du film délivré par le Centre National de cinématographie. C'est ce qui permet au cinéaste-producteur de pouvoir exploiter son film en salle (cinéma) après être passé en commission de classification des œuvres cinématographiques, - c'est la censure.
Je me suis rendue plusieurs fois au festival de Cannes afin de représenter Jean et sa société Les Films ABC™s.a.
Jean avait déjà été à ce festival, mais il préférait m'y expédier, je souhaitais aller avec lui, car nous faisions ensemble les festivals où nous étions conviés. Je n'ai pas été à celui de Aachen [Aix-la-Chapelle] ni à celui de Vancouvers ni à Montreal au Canada.
Munie de cette carte et de l'autorisation écrite de Jean ainsi que de mon exemplaire KBis de la société Les FilmsABC™s.a., je remettais à l'Association Française des Producteurs de Films, l'autorisation de Jean Rollin, j'obtenais ainsi, mon badge d'accréditation au festival de Cannes ce qui me permettait d'y circuler librement.
Suivant les indications et les conseils précieux de Jean, j'ai eu le bonheur de voir le Marché International du Film, bien plus passionnant que les paillettes de la montée des marches retransmise en duplexe pour le grand public.
Là, je rencontrais le vrai monde du cinéma, les coulisses de la vente et la promotion d'un film sur un festival.
Jaquette commercial du film
Jean m'avait confié sa carte professionnelle, je la gardais précieusement avec l'exemplaire du KBis de la société dans mon sac, car ces documents étaient systématiquement demandés, y compris lors de déplacements à des festivals en France et à l'étranger.
Pour les festivals étrangers, nous devions nous munir des documents de la douane pour sortie du matériel audiovisuel. Un comble quand on sait que c'est la propriété intellectuelle du cinéaste, cela étant inaliénable…
Pour une raison qui m'est inconnue, les professions du cinéma ne sont pas toutes cartées CNC.
Pour tout cela, le cinéaste-producteur doit évidemment avoir sa carte professionnelle. Ci-dessous, la carte professionnelle CNC de Jean Rollin.
Il s'agit de la carte professionnelle de producteur spécialisé qu'il m'a confié lorsque je me suis rendue à mon premier festival de Cannes en 1993 muni d'une autorisation écrite et qu'il me renouvelait à chaque fois que je descendais au festival de Cannes pour le représenter ainsi que
Les Films ABC™ s.a.
Jean m'avait raconté comment cela se passait. Je me souviens encore de cette journée particulière, où nous avions déposé le bien de Jean d'une valeur de 50.000€, c'était la copie zéro du film.
Cette commission était composée d'une assemblée de personnes représentant «chaque corps d'état», c'est-à-dire, les représentants de l'armée, de la religion, des commerçants, de la famille, etc…
Nous n'assistions pas à la projection, non, nous recevions le montant de la taxe après avoir obtenu le visa d'exploitation…
Une copie 35 de film, c'est très lourd. Nous n'avions pas fini de l'emmener avec nous à tel point que nous avions pris l'EuroStar avec pour nous rendre au Festival Eurofest à Londres en juin 1996… Je me souviens que nous étions arrivés Jean et moi dans ce lieu où nous devions déposer la copie, un bâtiment de style ancien hôtel particulier comme il en existe tant dans Paris, dans lequel se trouve une salle de cinéma avec multiformat pour les projections.
Je me souviens avoir été en compagnie de Jean déposer la copie 35 du film
Les deux orphelines vampires à la Commission de Classification des Œuvres cinématographiques. Cela se situait à l'époque rue de l'Université à Paris, il me semble…
Le film Les deux orphelines vampires est sorti en 1997.
Pour qu'un film puisse bénéficier d'une sortie en salle, il faut que l'œuvre passe en commission de classification des œuvres cinématographiques - la censure - qui délivre
le visa d'exploitation du film.
Ci-contre, une photo que j'ai faite à la demande de Jean, de sa nièce Sandrinette, pour un projet de couverture de livre…
Sur la photo ci-contre, Jean et sa statue que détestait Serge son fils. Le sphinx ainsi que la statue de la pleureuse visible dans le film
Fonds Jean Rollin à la Cinémathèque de Toulouse.
La statue de vampire grandeur nature visible dans le film
La nuit des horloges se trouve quant à elle, dans le parc paysager chez un ami, Jean Depelley, à Limoges…
Le film Les deux orphelines vampires a été tourné en juin et juillet 1995 par une chaleur sans nom.
Le gonflage en 35 du film a été fait en janvier 1996 à Rome en Italie… C'est Lionel Wallmann [1928~2011] qui faisait l'interprète et qui avait tout organisé du voyage y compris le contact avec le laboratoire italien et le change monétaire, à l'époque c'était encore la monnaie locale de chaque pays ; le Franc pour la France et la lire pour l'Italie… Ce sont les logos officiels de la société Les Films ABC™ s.a. que j'avais créé à la demande de Jean Rollin au début de notre rencontre en 1990.
La version bleue était pour la société Les Films ABC™ s.a.
Par la suite, quand je suis devenue son administratrice en 1995, juste après le tournage du film Les deux orphelines vampires, et que Jean était devenu éditeur, nous avons fait le changement des statuts administratifs sur la société Les Films ABC™ s.a. afin d'y ajouter l'édition, ce qui donnait ;
Les Films ABC™ s.a. et Éditions Films ABC™ s.a.
Jean Rollin a créé sa société
Les Films ABC™ en 1962.
Il avait déjà des courts-métrages à son actif :
Les pays Loins,
Les amours Jaunes,
Ciel de cuivre…
Mais pour ses premiers longs-métrages, une société de production s'avérait indispensable pour constituer les dossiers nécessaires et obligatoires pour les aides et financements qu'un film peut nécessiter, ainsi que pour les ventes France et étranger selon les supports et la durée concédée .
C'est pour les besoins de son projet de long-métrage Le viol du vampire sorti en 1968, que la société Les Films ABC fut créé. Nous avons fait d'autre festivals, comme celui de Ravenna en Italie octobre 2004, où nous étions conviés en qualité de jury, faire partie du jury était une première pour Jean et Simone Rollin ainsi que pour moi-même…
Nous avons été accueillis chaleureusement par les organisateurs du festival et avons passé un très bons séjour.
Ljubjana en Slovénie en novembre 2004. Ce n'est pas le meilleurs souvenir que nous en gardons avec Simone Rollin, en effet, nous avons été accueillis froidement, alors que nous n'avions rien demandé, Jean Rollin, n'ayant fait que répondre à une demande de la part de ce festival. Il est apparu par le suite, qu'il y avait deux festivals dans ce pays, les deux festivals ayant souhaité notre présence pour présenter le film La fiancée de Dracula, mais l'un des deux festivals a mis trop de temps pour répondre à l'accord donné par Jean quand le second festival nous accueillait déjà. Nous devions rester une semaine, nous avons écourté notre séjour à trois jours…
Je ne l'ai pas accompagné pour le Festival d'Ubisoft Canada 2007, ni à celui d'Aix-la-Chapelle en 2009, ni à ceux de Sitgès en Espagne où Jean à a reçu beaucoup de prix pour ses films et l'ensemble de son œuvre, appréciée par beaucoup.
Les prix sont désormais entreposés au Fonds Jean Rollin à la Cinémathèque de Toulouse…
©Photo : Véronique D.Travers®
©Photo : Véronique D.Travers®
©Photo : Véronique D.Travers®
©Photo : Véronique D.Travers®
De part le statut de Jean Rollin, PDG d'une société de production de films dits d'art et d'essai, les films que Jean produisait avec sa société et bien souvent en partenariat avec d'autres sociétés, car il est difficile de faire un film seul, étaient par la suite présentés aux différents festivals du film à travers le monde. C'est en quelque sorte la promotion du produit fini.
A présent, les droits sur l'œuvre filmique et littéraire de Jean Rollin reviennent à Serge Rollin, Simone Rollin [09.05.1934~27.03.2016] nous ayant quitté le 27 mars 2016. La société Les Films ABC™ s.a. n'existant plus de fait, cela explique la raison pour laquelle, Serge ne peut disposer des œuvres de Jean Rollin pour d'éventuelles ventes,
la propriété intellectuelle reste à celui qui l'a créé, c'est inaliénable.
Serge Rollin est le garant et héritier de l'œuvre de son père Jean ainsi que de sa mère Simone qui était aussi auteure.
Les droits des œuvre de Jean Rollin ne sont pas disponibles.
Une chose toutefois, j'ai toujours refusé la signature.
Et ce, jusqu'à la disparition de Jean Rollin.
La responsabilité était trop importante, trop lourde, surtout en ce qui concerne l'argent et l'administration d'une société.
Jean Rollin a insisté pourtant jusqu'à la fin, mais, je ne pouvais pas accepter.
Je regrette aujourd'hui, de ne pas avoir pu garder la société de Jean, lui qui en était si fier…
L'habitude que j'avais prise, alors, depuis quelques années, était de lui subtiliser la carte bleue société et le chéquier qui allait bien avec lorsque nous étions en déplacement. Jean avait parfois une tendance…
Je savais avec l'expérience, que certaines choses pouvaient être achetées par une société pour les besoins de son fonctionnement ou pour un film. Ces objets devenaient donc la propriété du film et/ou de la société qui en avait fait l'acquisition.
sur le site officiel français dédié à
Jean Rollin, cinéaste-écrivain
03 novembre 1938 - 15 décembre 2010