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Publiée par En mémoire de Jean Rollin 1938-2010 sur Jeudi 4 mars 2021

Le second revolver

présent que m'a fait Jean

Je me souviens que Jean déléguait à son assistant réalisateur, Jean-Noël Delamarre, le travail durant son absence pendant les dialyses où je l'accompagnait, car mon véhicule était devenu véhicule de production…

Manon

Film court-métrage de Sylvain Malin 2016.

Et pour le disque externe, vous attendez pour que les techniciens finissent récupérer les données ? Ou il vous faut tout d'abord économiser assez d'argent pour commander la récupération ?

Pour la récupération de données, il me faut certes de l'argent, mais aussi que les techniciens trouvent la pièce défectueuse à remplacer du disque dur ce qui coûte cher… afin de procéder à la récupération de data.

Restez-vous en contact avec les acteurs ou les autres collègues qui aussi travaillaient avec Jean Rollin ? Qui d’entre eux sont encore actifs comme les artistes ? Je sais que vous êtes amis avec Jean-Loup Philippe, par exemple, et il fait du théâtre.

Les acteurs, non pas vraiment. Il y a même des personnes où j'ai décidé de ne plus être en contact avec.

Quant aux collègues techniciens, certains sont décédés…

Oui, Jean-Loup Philippe fait du théâtre et est aussi auteur… Il a fait beaucoup de choses, et à sa demande, je lui ai créé un site internet…

Faceburqa page Terry Depretz

Quel est le titre du film où vous étiez photographe de plateau en 2016 et qui le tournait, si ce n'est pas un secret ?

Le film s'intitule Judith de Terry Deprez, qui est un grand fan de Jean Rollin et de son cinéma.

Ici sa facebook page.

Je me souviens aussi avoir eu une sacrée panne avec le starter de ma voiture et avoir dû mettre à profit ces quatre heures pour faire réparer mon véhicule dans un garage pendant que Jean était en dialyse.

C'est la dernière fois, par ailleurs, que J. Rollin faisait appel à la présence de Brigitte Lahaie sur l'un de ses tournages. Elle n'avait pas été très correcte avec Jean avant le tournage et surtout après.

Je me souviens qu'il y avait eu quelques tensions entre Jean et le rôle principal—Cyrille Iste—la fille de Natalie Perrey. Les relations amicales entre Jean Rollin et Natalie Perrey se sont dégradées par la suite pour d'autres raisons…

Aviez-vous (ou avez-vous maintent) quelques autres projets sauf ceux qui ont été avec Jean Rollin ?

D'autres projets ? Pas vraiment.

J'ai fait la photographie de plateau d'un long métrage en février 2016. Mais le film n'est pas encore sorti ni en salle ni en DVD…

J'ai fait de petites choses mais ce n'est pas avec ça que je peux vivre. D'autres problèmes aussi. Par exemple, j'attends depuis fin octobre 2019 pour une récupération de données sur un disque externe où figure des data très importantes… Cela coûte aussi très cher. Mon MacBook Pro a été remplacé il y a un an par Apple, mais j'en suis très déçu. Cela m'a mis en panne cinq disques durs externes où figuraient des photos de Jean-Loup Philippe et d'autres fichiers très importants sur ses récitals et signatures…

Et puis j'ai de graves ennuis de santé. Et puis avec le problème du COVID-19, rien n'est possible en tout cas pour le moment…

Ci-dessus

Sur les remparts du Château de Blandy-les-Tours

Ci-dessus

Thomas Smith dans le rôle de Triboulet et VDT

Encore une fois, j'avais accepté par pure amitié pour Jean, de faire une apparition dans son film car je ne suis pas actrice, et Jean savait que cela me déplaisait que d'être filmée. Ce qui plaisait à Jean était bien sûr l'image que je renvoyais avec mon violon. Je ne donne, par ailleurs jamais mon accord pour être photographiée ni filmée. Ici c'était l'exception pour le film de Jean comme ce fut le cas pour les précédents films…

C'est aussi à l'occasion de ce tournage que Jean avait découvert stupéfait que je ne percevais pas les couleurs comme les autres. Je ne suis pas daltonienne, c'est une autre anomalie, un peu complexe à décrire, mais c'est un comble pour la photographe de plateau que je suis, ce qui ne m'empêche pas d'exercer.

Le tournage avait été difficile aussi pour Jean à cause des dialyses… Et je me souviens que pour les scènes tournées sur la plage de galets à Pourville-les-Dieppe, le centre d'hémodialyse le plus proche se situait à Rouen, ce qui fait très loin du lieu de tournage, mais beaucoup moins loin que celui de Paris. Jean déléguait les scènes les moins compliquées à tourner à son assistant réalisateur durant notre absence, car c'est moi qui emmenait J. Rollin en dialyse. J'attendais sur place (quatre heures), puis je récupérais Jean et nous repartions vers le tournage.

Vous avez joué un autre rôle la violoniste dans La Fiancée de Dracula. Pouvez-vous souvenir et raconter quelque chose sur ce tournage aussi ?

Le film La fiancée de Dracula tourné en septembre-octobre 1999 et sorti en août 2002 est une coproduction franco-italienne. Je me souviens que Jean avait obtenu un partenaire étranger, via l'un de ses vendeurs de film à l'international.

Jean, comme à son habitude, m'avait demandé de faire une apparition sur ce tournage avec mon violon. J'ai eu plusieurs fois les mains cassées, et je lui avais dit que plus jamais je ne pourrais jouer du violon.

Je prévenais aussi notre auteur compositeur des musiques de film de Jean et ami Philippe d'Aram que je ne pourrais pas jouer de violon. Je fais donc semblant de jouer et il a fallu doubler. L'embêtant, est que le placement de mes doigts n'est pas raccord avec la musique du film. C'est bien dommage, car j'avais demandé une oreillette pour entendre cette musique et placer au mieux mes doigts. Pour le coup cela me gêne beaucoup.

Dites-moi du film Et le temps s'en va…! d’Anissa Berkani-Rohmer dont vous étiez assistante du réalisateur et dont Jean Rollin a été producteur exécutif. Je n'ai pas pu trouver assez d'information sur ce film.

Et le temps s'en va…! est un court métrage d’onze minutes fait par une amie à Jean en 1991. Mais il n'est pas disponible en DVD. Il était disponible en bundl avec le film de J. Rollin Perdues dans New York. Le film est sorti également avec un ouvrage que Jean avait ramené : Catacombes. J'avais fait les photos de plateau ainsi que le cover pour le film sorti en bundl avec Perdu dans New York en VHS… Que de souvenirs… Sur le lien pointant vers un repas pour la sortie des films en vidéo et du livre…

Il ne s'agit pas d'un film fantastique. Anissa Berkani-Rohmer fait une apparition dans le film Killing Car, et joue dans le film Les deux orphelines vampires.

Je n'ai pas beaucoup à dire sur ce court métrage. Et le temps s'en va…! n’est même pas mentionné sur le site internet de Anissa Berkani-Rohmer. L'intérêt de cette œuvre est qu'il y a une apparition de J.Rollin dans le film.

Jean était directeur de collection de livre chez différents éditeurs. À ce moment-là c'était aux Éditions Frayeurs~Fleuve noir. Pour compléter les sorties d'ouvrages, Jean avait demandé à certaines personnes de son entourage s'ils acceptaient d'écrire une histoire à caractère fantastique.

Anissa Berkani-Rohmer avait entrepris d'écrire un roman Catacombes, mais elle n'était vraiment pas douée pour l'écriture. Je me souviens que nous nous rendions souvent chez elle, en fin de journée où Jean l'aidait quant à l'écriture de son livre. Finalement, de très grands passages dans ce livre ont été écrits par J.Rollin, lui-même.

Par la suite, il y a eu cette soirée organisée pour la sortie du livre paru aux éditions Frayeurs~Fleuve noir Paris et de la sortie du film Et le temps s'en va…! en bundl avec le film Perdues dans New York en VHS.

Ci-dessus

le costume de velours violet,

le collier pendentif &

les girandoles d'oreilles

Mina Tohari, une amie d'enfance & VDT

fête foraine Saint-Ouan - Killing Car 1992

VDT & Frédérique Haymann-Gony

Fête foraine Saint-Ouen - Killing Car 1992

Tiky Tsang & Jean-Loup Philippe

Fort de Villiers - Killing Car 1992

Le gênant était les regards égrillards des types présents à l'ouverture de la fête foraine à Saint-Ouen, c'était franchement désagréable… Je ne savais plus où me mettre et je me cachait derrière Jean… Je me souviens que Jean avait demandé à la maquilleuse - Florence Eloi - de me mettre du rouge à lèvre, le plus voyant possible. J'étais dans la gêne la plus totale… Je raconte l'anecdote dans le site internet.

J'ai souffert du froid sur ce tournage : il faisait un froid sibérien en novembre 1992… Cette année-là l'hiver avait été glacial.

Une de mes amies d'enfance joue aussi dans ce film un petit rôle de péripatéticienne. C'est en accompagnant cette amie à un rendez-vous au 12 rue des Lions Saint-Paul Paris 75004 que j'ai croisé cet éditeur qui m'a fait rencontrer Jean Rollin en septembre 1990… c'est un peu grâce à cette amie.

Nous commencions nos recherches. Lorsqu'en levant les yeux vers ces évacuations, j'aperçus un petit bout de papier accroché au bord d'un des trous. Il fallait grimper sur quelque chose et faire plusieurs sauts pour attraper ce bout de papier accroché en hauteur—je ne savais pas alors qu'il s'agissait du chèque.

Jean m'a demandé de l'attraper. Il me demandait toujours des choses improbables. Nous ne pouvions évidemment pas attendre que le feuillet daigne tomber de lui-même. Je disais à Jean de faire le guet, car nous risquions de nous faire surprendre par le gardien de l'époque qui n'était pas une personne facile et compréhensive : nous risquions des ennuis, et nous ne souhaitions pas être aperçus en train de faire nos funestes recherches dans les poubelles du sous-sol de la Résidence les Lilas.

Jean à renversé un containeur et m'a demandé de monter sur cette poubelle qu'il tenait du mieux possible et de sauter jusqu'à ce que je parvienne à saisir le papier. En général, cette anecdote fait rire lorsque je la raconte, mais c'est authentique.

Au bout de plusieurs sauts difficiles pour moi, car je ne devais pas sauter ni courir ni faire des geste brusques en raison de mes soucis de santé orthopédiques, je parvenais, après que la poubelle fut explosée par mes nombreuses tentatives de sauts, à saisir ce petit feuillet qui s'avérait être le chèque… Nous avons nettoyé le chèque un peu taché, et nous avons couru à la banque le déposer. Heureusement que nous l'avons retrouvé : ce chèque a financé en partie le film La fiancée de Dracula .

J'ai d'autres anecdotes bien drôles aussi, mais il n'y a pas encore prescription : cela ne figure pas dans le site, et je ne peux pas les raconter pour le moment…

C'est une aventure vraiment incroyable et même cinématographique. Un petit chèque parmi les ordures d'un tout bâtiment, et vous l'avez trouvé ! Je suivrai vos nouvelles pour ne pas manquer les autres anecdotes quand il sera le bon temps pour que vous les partagiez.

Par la suite non plus d'ailleurs. Ne soyez pas désolé, Gene. L'amitié n'est pas que pour les bons moments, c'est aux difficultés que cela se mesure. Et avec Jean, nous avons partagé nos joies et nos difficultés en nous soutenant face à l'adversité de nos ennuis de santé respectifs…

L'histoire du chèque est arrivée après le tournage du film Les deux orphelines vampires et avant le tournage du film La fiancée de Dracula. Après la sortie du film Les deux orphelines vampires sorti en 1997, certains droits ont été rétrocédés par le partenaire financier du film, Le groupe Lagardère. Un accord au contrat a fait que Jean a récupéré les droits de son film à 100%. Les droits d'auteur sont très réglementés en France, tout comme aux USA qui porte le nom de © copyright. Un accord particulier entre Le Groupe Lagardère, J. Rollin & Les Films ABC, je n'en connais pas exactement les détails, mais ce dont je suis sûre est qu'un chèque d'une valeur importante environ 90 000€ (60 000 FF) est arrivé pour Jean.

Jean avait pour habitude de trier son courrier, en jetant sur un fauteuil placé en face du sien dans son salon les papiers qu'il ne jugeait pas importants et utiles.

Un jour, il me téléphone catastrophé en me disant qu'il ne retrouvait plus le chèque en question d'une grosse valeur. Ce chèque servit pour le financement du film La fiancée de Dracula.

Une partie de mon travail se faisait chez moi dans mon bureau «Annexe Films ABC» . Je me suis donc rendue chez Jean à Paris pour l'aider à trouver ce chèque. Nous avons cherché dans tout l'appartement. Je savais que Jean avait tendance parfois à oublier ou égarer certaines choses, comme ce fut le cas pour son téléphone mobile qu'il avait placé au congélateur au retour de courses alimentaires qu'il avait fait : j'avais retrouvé le téléphone mobile dans le congélateur après quatre heures de recherche, en ayant appelé le portable de Jean avec le mien et en entendant une faible sonnerie provenant de son congélateur. Il perdait ses lunette aussi. Jean avait tendance à égarer beaucoup de choses…

Pour le chèque, je lui posais la question s'il n'avait pas par hasard, jeté des papiers au vide-ordures…

Nous sommes descendus rapidement—Jean et moi, au sous-sol de sa résidence dix étages plus bas, pour y chercher les éventuels papiers jetés à la poubelle. Il y avait les containeurs à poubelles placés là sous les évacuations desservant les vide-ordures des appartement situés sur neuf étages du bâtiment…

Mais depuis la disparition de Jean et de sa société, je n'ai plus de fonction. Je fais des petites choses, mais ce n'est pas avec ça que je vis, hélas. Si j'avais pu reprendre la société de Jean, je l'aurai fait, mais je ne suis ni productrice, ni comptable—ce n'est pas mon métier.

Et puis surtout il y avait une dette sur la société pour la copie-zéro en 35mm du film La nuit des horloges à hauteur 37 500€ qui restait à devoir au laboratoire Cinedia. Une copie 0 d'un film coûte 50 000€. Une partie avait été réglée, mais il restait un dû. Jean via sa société réglait en plusieur fois, car ce sont des sommes conséquentes. C'est à partir de la copie-zéro que se font toutes les autres copies nécessaires pour la sortie d'un film en salle de cinéma, par exemple. Et c'est à partir des négatifs du film, donc de la copie-zéro du négatif, que ce font les reports pour les supports amovibles, par exemple, pour les sorties en DVD, BluRay, etc…

Aujourd'hui, l'on parle de DCP—Digital Cinema Package, l'équivalent en cinéma numérique de la copie de projection argentique (qui se présente sous forme de bobines de film argentique 35 mm).

Par chance, si je puis dire, pour Serge Rollin et pour moi, la dette s'est éteinte en août 2013, trois mois avant la clôture de la liquidation judiciaire de la société de Jean. Le laboratoire Cinédia ayant fait faillite et mis la clé sous la porte.

Merci de partager cette histoire sur votre rôle de la femme Chauve-Souris. En fait, cette nuit, après votre message précédente, je l'ai lu sur votre site, et j'ai été choqué. Je suis tellement désolé de savoir que c'était si pénible et dangereux pour votre santé. Et même puis, après le montage, vous avez dû sauter pour récupérer le chèque de Jean, ce qui était encore interdit par le médecin. Pouvez-vous partager avec mes lecteurs cette histoire à-propos de chèque aussi, s'il vous plaît ?

En effet, cette année 1995 a été mouvementée pour ma santé, ce n'était pas facile…

Je me souviens des essais pour les ailes que nous avions fait sur le décor du cimetière du Père-Lachaise. Un calvaire. Je me souviens aussi pour les prothèses dentaires, faites pour les deux comédiennes et pour moi chez mon chirurgien dentiste. En ce qui me concerne, j'ai eu deux dents de sagesse de retirées, ce qui m'occasionna un traumatisme maxillo-faciale, et les ailes bien trop lourdes m'ont fracturé trois vertèbres. Aujourd'hui encore, mes vertèbres sont toujours fracturées : je risque le fauteuil roulant. Et j'ai toujours le traumatisme maxillo-faciale, car mes ATM (articulations mendibulo-temporales) condyles de la mâchoire sont traumatisées et H.S.. Ce sont les seuls instants du tournage qui m'ont vraiment été difficiles et pénibles, et ne sont pas vraiment un bon souvenir pour moi.

Jean était très embêté lorsqu'il a appris que j'avais des fractures aux vertèbres à cause des ailes qu'avait fabriqué Sylvain Montagné, bien qu'il lui avait dit à plusieurs reprises que c'était trop lourd pour moi. C'est pendant le tournage de la scène dans les sous-sols du Château que les deux comédiennes ont entendu mes os se fracturer… Je me suis aussi fracturé les deux mains. Et en plus j'étais en convalescence, car six mois plus tôt j'avais été opéré en orthopédie de tumeurs osseuses aux pieds, ce qui m'empêchait bien sûr de courir ou de sauter… Ce sont les techniciens plateau qui m'ont placée sur l'autel de la chapelle du Château de Noaille et qui m'ont aidé à en redescendre…

Je me souviens aussi, que ce tournage avait été très difficile pour Jean à cause des dialyses et de ses ennuis de santé.

Nous avions tourné en été et cette année-là, il faisait très chaud. Le plus difficile a été dans le décor sous le chapiteau du cirque à Paris XVIIIème…

C'est aussi cette année-là, en 1995, qu'une nouvelle fonction s'ajoutait à celles que j'occupais déjà aux côtés de J.Rollin : administratrice de la société Les Films ABC™ s.a. à sa demande. Une fonction à forte responsabilités…

Vous êtes toujours administratrice de la société Les Films ABC ?

Je ne suis plus administratrice de la société Les Films ABC depuis novembre 2013, car la société n'existe plus depuis sa liquidation judiciaire faute de repreneur.

Serge Rollin ne pouvait pas lui non plus, reprendre la société de son père faute de connaissances suffisantes des affaires de son père. Je lui donne des informations lorsqu'il en a besoin, sur le sujet car moi, je connais un peu…

Cela n'empêche pas que malgré cela, je garde un très bon souvenir de ce tournage comme pour les autres, d'ailleurs, bien que cela ne fut pas toujours facile… pour Jean comme pour moi…

Merci pour les images. Oui, je les avais vus. Et j'avais aussi regardé à nouveau cette scène avant l'entretien : ) Aussi que la scène dans Les deux orphelines vampires. Vous y avez joué la Demoiselle de la Minuit, la dame Chauve-Souris avec ce costume magnifique aux grandess ailes. Que retenez-vous de ce tournage-là ?

Je garde pour ce tournage du film Les deux orphelines vampires un bon souvenir mais mitigé, sauf pour l'apparition que je fais dans le film.

Au dernier moment, Jean m'avait demandé d'endosser le rôle de la Demoiselle de la Minuit. C'était notre chef décorateur Sylvain Montagné qui avait fabriqué les ailes de chauve-souris avec du latex, du grillage et des barres de coffrages utilisées en temps normal dans le bâtiment.

Le poids de ces ailes était bien trop lourd pour moi. Jean en avait fait la remarque.

Quant au costume, c'est moi qui l'ai confectionné : j'avais acheté du tissu en velours pané un peu élastique au marché Saint-Pierre à Paris. Afin que ce costume soit moulant, je l'ai conservé aussi.

J'ai donc gardé précieusement ce second revolver dans mon sac à main, second cadeau que Jean me faisait - le revolver est lourd - mon sac me pesait.

Ce n'était pas la première fois que nous subissions un vol : le second plus important a été les bobines du montage du film suivant ; « Les deux orphelines vampires »…

C'est à l'occasion de ce tournage que Jean me fit cadeau du calibre que l'on nous a volé par la suite sur le décor du site de Santeny… Jean m'en a donc offert un autre qui a joué dans le film en raccord…

Nous ne savons pas qui a volé le revolver. Nous avons soupçonné des gens qui venaient sur ce site faire des tirs. Nous avions découvert aussi que plusieurs de nos véhicules sur le tournage avaient été «visités». Le revolver que j'avais placé dans la boîte à gant n'y était plus. Nous avons dû nous rendre dans une armurerie à Paris acheter un nouveau revolver identique à celui qui nous avait été volé. Jean m'a offert le second que j'ai toujours aujourd'hui.

Dieu merci, merci mon dieu, malheur d'éviter : pourtant le DVD est dans mon salon, jamais mon mari n'a vu le film et donc moi, son épouse, en train d'arpenter…

C'est sur ce tournage que je faisais la connaissance de son ami Jean-Loup Philippe qui tenait le rôle de l'antiquaire dans le film et faisait office de coach pour les « actrices » sur le tournage dont une grande partie non professionnelles issues du mannequinat, venaient d'un précédent tournage : Détectives de charme.

Je me suis donc retrouvée habillée au raz-de-l'impossible avec du 7 centimètres aux pieds en train d'arpenter 50 mètres de bitume par un froid sibérien à Saint-Ouen et au Fort de Villiers en banlieue parisienne…

Jean-Loup m'impressionnait à cette époque. Il n'a jamais pu parvenir à me faire jouer correctement. Jean lui avait expliqué que dans mon cas cela n'avait pas vraiment d'importance… et puis surtout, j'avais mes fonctions de photographe a assumer… Je n'avais donc guère de temps. Mais cela amusait Jean que de me voir galérer sur son film dans un rôle aux antipodes de ce que je suis… Quant au texte, Jean me disait la phrase qui allait bien, que je répétait illico…

Petite précision.

J'ai employé un terme en argot « arpenter le bitume » ou « faire 50 mètres de bitume », et je ne l'ai pas précisé à Gene, en fait c'est l'action qu'à une prostituée de marcher de long en large en attendant le client…

D'autant que je ne suis absolument pas comédienne, ce n'est vraiment pas ma tasse de thé. C'est un métier et ma destinée est d'être dans l'ombre et non en pleine lumière. Je n'en tirais donc aucune satisfaction. J'étais plutôt gênée, car je n'ai pas un tempérament de comédienne. Ce n'est en rien de la timidité, non, c'est simplement que cela ne me fait pas du tout fantasmer, comme c'est souvent le cas pour d'autres, d'être vus dans un film.

Par pure amitié pour Jean, j'ai accepté de jouer dans son film, alors que j'avais déjà beaucoup de travail sur le tournage ne serait-ce qu'avec les photos encore en pellicule 35 et avec ce que cela comporte de dérushage et étalonnage à mon laboratoire…

Quand Jean m'a demandé de jouer un petit rôle, j'étais très ennuyée, et lui en faisais part. Quand j'ai vu quel rôle il souhaitait me voir endosser… j'étais encore plus ennuyée…

Je sais que Jean l'avait fait un peu exprès. Il faut bien me connaître pour en mesurer la subtilité, surtout pour quelqu'un comme moi . Ce qui en a fait rire plus d'un et une .

Jean était aussi connu pour faire jouer dans ses films les membres de son équipe car il n'avait pas beaucoup d'argent, ou alors les actrices et acteurs ne souhaitaient pas jouer dans un film de J. Rollin ou demandaient trop cher.

Entre deux prises de vue avec mon Nikon, je tenais ce rôle de péripatéticienne habillée au ras-de-l'impossible qu’avec du 7 centimètres aux pieds en train d'arpenter avec un calibre… et mon arrache clou de 110. Jean m'avait demandé d'apporter mon marteau, un engin, énorme de chantier, cadeau de mon mari. Ce marteau a joué aussi dans un autre film de J. Rollin tout comme j'ai fait d'autres apparitions dans les films de Jean plus tard…

Vous avez joué dans La femme dangereuse (Killing Car) la fille avec un revolver qui chasse l'héroïne principale en essayant de protéger ses amies d’elle. Quels souvenirs avez-vous de ce tournage et notamment votre rôle ?

Ah, Killing Car, 1992~1993. Je considère ce film comme mon premier vrai long métrage, et j'en garde un souvenir émouvant. J'avais le poste de photographe de plateau sur ce film, et mon véhicule était déjà véhicule de production puisque Jean ne conduisait plus depuis des années. J'avais donc la responsabilité du metteur en scène et producteur du film sur le plateau de tournage.

Je fais en effet une apparition dans ce film. À vrai dire, je ne m'attendais absolument pas à ce que Jean me demande de jouer quelque chose dans un de ses films.

Ci-dessous quelques images de mon ami Jean Rollin prises dans son salon à son domicile le 11.10.2010…

2009~2010. Le masque de la Méduse projeté en septembre 2010 à la Cinémathèque française de Paris. Et sorti en DVD en bundl avec le vol. 1 des Écrits complets de J. Rollin en septembre 2010… Là aussi, un merveilleux souvenir.

C'est cette année que la santé de J. Rollin s'est brusquement dégradée… Nous étions en préparation d'un autre film - La fiancée du crocodile - qui ne verra jamais le jour. Seul subsistent quelques photos que j'ai fait au domicile de J. Rollin le 11 octobre 2010…

Voilà dans un premier temps, Gene, en espérant avoir répondu favorablement à votre première demande.

Ceci est un aperçu de mon bureau à mon domicile figurant l'annexe Films ABC™ comme aimait à le dire mon ami J. Rollin

C'est à Philippe d'Aram que nous devons toutes ces BOF musiques des films de Jean mis à part quelques exceptions, à voir sur le site internet dédié au souvenir de Jean.

Le tournage s'est tenu sur plusieurs mois. Nous n'étions vraiment pas certains de pouvoir terminer le film : une fois de plus à cause du financement, bien que nous ayons un partenaire financier, la Région du Limousin. La difficulté étant de fournir une copie 35 alors que le film en DCP facilitait plus les choses et surtout que désormais avec l'avènement du DVD et puis plus tard du Blu Ray, les films peuvent être projetés en salle à partir d'un DVD sans perte ni grain.

La nuit des horloges est sortie en 2008 à Limoges, partenaire financier du film par la Région Limousin, puis en DVD. Il a donc fallu faire un transfert sur pellicule pour une copie 35 et non un DCP numérique.

Le tournage s'est aussi effectué à Florence en Italie dans un musée unique au monde dont le décor était au départ réservé pour le tournage de Hannibal rising de Peter Webber. Le musée étant exigu, les responsables n'ont pas voulu du tournage de cette grosse production. C'est grâce à une amie - Serena Gentilhomme, spécialisée et professeur d'Histoire du cinéma italien, tendance fantastique et horreur gore - que nous avons pu obtenir ce décor…

Je garde un souvenir merveilleux de ce tournage tant par son ambiance que par l'équipe de tournage… J'ai un souvenir émouvant de tous ces tournages en compagnie de mon ami J. Rollin.

Projet original de l'affiche du film

La nuit des horloges ©Fabrice Maintoux

Projet original de l'affiche du film

La nuit des horloges ©VDT

2006. La nuit des horloges. Beaucoup ont dit ou écrit sur ce film comme étant un film testament de J. Rollin. Il n'en est rien. Je me souviens que Jean avait envie de faire un film dans lequel l'on retrouverait des extraits de ses films, mais ce tournage s'avéra complèxe. Nous avons eu dans une certaine mesure de la chance avec les extraits et aussi parce que nous avions une cheffe monteuse de très grand talent. Janette Kronegger.

Le tournage s'est tenu sur plusieurs mois. Nous n'étions vraiment pas certains de pouvoir terminer le film : une fois de plus à cause du financement, bien que nous ayons un partenaire financier—le gouvernement de la Région du Limousin. La difficulté étant de fournir une copie 35 alors que le film en DCP facilitait plus les choses et surtout que désormais avec l'avènement du DVD et puis plus tard du Blu Ray, les films peuvent être projetés en salle à partir d'un DVD sans perte ni grain.

En 1995, fut le tournage du film Les deux orphelines vampires sorti en 1997 dont le Groupe Lagardère était l'un des financiers… Tournage difficile pour Jean car nous devions composer avec les dialyses et il était tombé malade d'une hépatite pendant le tournage.

C'est aussi à ce moment-là, que je suis devenue administratrice de la société Les Films ABC.s.a.™ de J. Rollin à sa demande. J'acceptais aussi. Cela impliquait une certaine responsabilité et je devais combiner cela avec le reste de mon travail de photographe de plateau et de responsable de fabrication en édition, car entre-temps, Jean était aussi devenu directeur de collection avec différents éditeurs, ce qui compliquait le travail.

Je garde un très bon souvenir de ce tournage. C'est sur ce film que je fis la connaissance de:

●Natalie Perrey (1929-2012), scripte,

●Norbert Marfaing-Sintès (1955-2020)

●Jacques Orth (1929-2011) ami avec J. Rollin et responsable de Avia 2000 sur l'Île Saint-Louis où se passait la post-production des films de J. Rollin…

●Lionel Wallmann (1928-2011), un autre ami de Jean, qui avec sa société Egret Films, s'occupait notamment de la diffusion mondiale des films de Jean.

J'avais aussi fait la connaissance de Simone Rollin, l'épouse de J. Rollin qui avait appel à moi pour l'élaboration des couvertures de ses livres publiés aux Éditions Rafael de Surtis et aussi pour un collectif dans lequel, deux ou trois textes de Simone étaient publiés. J'avais donc un poste à responsabilités multiples sur plusieurs fonctions, et Jean, ainsi que Simone, me faisaient confiance. C'est durant ces années que j'appris le plus du monde du cinéma y compris de l'édition, car comme je le mentionne plus haut, certaines choses s'aquierent en travaillant et non à l'école.

Je vis aussi comment se passait une censure en France, ainsi que les traitements d'une œuvre pour la vente France et étrangers—c'est très particulier. J'ai eu l'occasion de voir comment un film se voyait «censurer» : les fameux -10, -12, -16, -18 ans, X et public adulte et averti…

Il y a aussi les festivals. Que de bons souvenirs. J'accompagnais J. Rollin à ces festivals ou signatures. là, je vous suggère de visiter le site internet dédié à Jean car il y a beaucoup de liens…

Le film a été tourné en Super 16 et gonflé en 35 en Italie. C'est ainsi que nous avons pu avoir seven copies 35 du film pour la sortie France du film…

Ce sont les ventes TV des films de J. Rollin à Canal+ via la Société Dès Films de J. P Dionnet qui permettaient le financement des films suivants.

1999, tournage du film La fiancée de Dracula, une coproduction franco-italienne, sorti en 2002. Tournage difficile aussi. Car Jean était affaibli par les années de dialyse… Je me souviens que Jean avait écrit plusieurs scénarios qui pour raison de financement n'ont pas abouti à un tournage, mais pour celui-ci, nous avons eu cette coproduction…

En octobre 2000, Jean reçut enfin sa greffe rénale, ce qui nous a libéré un temps de cette contrainte car nous devions composer avec.

Jean Rollin & VDT Studios Dimson Paris novembre 1992

Tournage du film Killing Car

Le tournage s'est tenu en novembre 1992 et les scènes raccords en janvier 1993. C'est à la fin de ce tournage que Jean a perdu l'usage de ses reins et s'est retrouvé en dialyse. Ce qui perturba dans une certaine mesure notre travail.

Je trouvais passionnant de voir les coulisses du cinéma avec Jean, et ce n'était pas facile notamment pour le financement du film. Il en va également pour l'élaboration d'un livre, pratiquement aussi coûteux.

Je me retrouvais donc à un poste de travail comme photographe de plateau et maquettiste illustratrice des livres que J. Rollin écrivait.

Jean devait subir plusieurs séances de dialyses par semaine. J'entrepris de lui prendre un petit ordinateur portable afin qu'il puisse écrire pendant ses séances longues à l'hôpital. Il m'est arrivé d'aller le récupérer après ses séances, nous partagions beaucoup… C'était dur mais en même temps, comme nous nous soutenions tant dans l'amitié et le travail, cela paraissait moins dur pour Jean.

Version anglaise de l'affiche du film Killing Car

Projet original de l'affiche du film Killing Car

Par la suite, nous collaborions sur plusieurs œuvres, comme Et le temps s'en va…!

En 1992 fut le long métrage Killing Car, la voiture rouge-sang aka La femme dangereuse. Le film n'est jamais sorti en salle cinéma, uniquement en vidéo VHS, par la suite en DVD…

Je garde un souvenir ému de ce tournage, un peu particulier. C'est un film de commande.

À cette époque je me souviens que J. Rollin avait écrit un scénario Le retour de Dracula destiné aussi à France 3 de l'époque. Mais les aléas du cinéma, surtout en affaire, sont ce qu'elles sont. Jean avait sollicité l'aide de l'un de ses amis—Pierre Dubois qui travaillait à l'époque pour France 3 Rennes. Le projet n'a hélas pas aboutit.

C'est à la faveur de ce tournage de Killing Car, que j'ai appris ce qu'était un tournage ainsi que sa post-production et la préparation d'un tournage. J'étais de tous les déplacements car Jean ne conduisait plus et j'avais une voiture, nécessaire dans ce métier… J'ai appris aussi ce qu'est un montage double bandes avec mon amie Janette Kronegger, notre cheffe monteuse. Le film ayant été tourné à l'époque en Super 16.

Quelques années plus tard, en 1990, en accompagnant une amie sur Paris, je rencontrai un éditeur—Charlie Le Bouil qui a transmis mes coordonnées à J. Rollin qui m'a contacté. Je rencontrais alors, un monsieur charmant, bien loin des clichés que l'on en faisait alors. Le premier contact a été fabuleux. Nous avons parlé de ses films, bien sûr, et de mon métier à la spécialité si particulière.

Jean m'a donné deux de ses livres, car je connaissais moins l'auteur que le cinéaste. Il s'agissait de Les demoiselles de l'étrange édition Filipacchi et d'Une petite fille magique édition L'Hors du Temps LCS. J'ai été transporté par ces deux livres, et avec Jean nous en discutions. J'avais vite compris que Jean me testait. J. Rollin était à la recherche de quelqu'un pour l'assister dans son travail.

En 1991, Jean me proposa de faire la photographie de plateau pour un pilote de 26 minutes prévu pour une série tournée en vidéo dans la région de Sologne destiné pour France 3 de l'époque. Il s'agissait de Détectives de charme. Il n'existe que peu de choses de ce tournage inachevé, et les quelques photos prises à ce moment là.

Par la suite, Jean me demandais si j'acceptais aussi de travailler sur la partie édition. J'acceptais. Une amitié c'était installée, nous étions comme frère et sœur, très proches. Nous partagions beaucoup en commun, nous étions en osmose.

Aux côtés de Jean j'ai eu le temps d'apprendre beaucoup du cinéma, le vrai. Même si mes études étaient poussées, il y a beaucoup de choses que l'on ne peut apprendre qu'en travaillant directement avec quelqu'un comme Jean.

Bonjour, Véronique. Voulez-vous faire un entretien pour mon blog ? J'ai déjà préparé des questions.

Bonsoir Gene. Oui pourquoi pas. Que souhaitez-vous me demander dans votre entretien, sur quel sujet ? J'essaierai de répondre du mieux possible à vos questions…

Vous êtes le plus grand expert dans la domaine des œuvres de Jean Rollin que je connais, et vous beaucoup travailliez avec lui. Donc j'ai inventé des questions sur votre travail avec Jean Rollin et sur vous-même.

Comment avez-vous appris de Jean Rollin et comment l’avez vous rencontré ?

Pour répondre à votre première question, dans un premier temps, je ne suis pas experte. Jean Rollin était mon ami, et nous avons travaillé ensemble pendant vingt ans.

Lorsque j'étais adolescente et étudiante, j'ai entrepris des études dans le domaine de la photographie, le dessin, le métier de l'image, ainsi que dans la maquette pour l'industrie du livre. À cette époque, adolescente j'allais beaucoup au cinéma. Mes préférences portaient essentiellement sur le fantastique, l'horreur, le gore.

J'ai donc découvert les œuvres filmiques de nombreux cinéastes français et étrangers, mais surtout les films de J. Rollin : La morte vivante, Les raisins de la mort, Fascination, et bien d'autres pour ne citer que ceux-là. Je ne connaissais pas encore l'homme lui-même.

Durant mes études, je me spécialisais dans le fantastique, l'horreur, le gore et le médical.

Cela m'a permis de trouver un premier contrat comme photographe et communication dans le monde médical—je suis spécialisée en anatomie humaine et comparée—j'ai accordé un interview sur le sujet dans le Videotopsie 2015. Voici l’hommage à J. Rollin par David Didelot. Vous y verrez la couverture du Videotopsie dans lequel j'accordais une interview sur ma collaboration avec J. Rollin.

Véronique Djaouti Travers est une amie proche de mon réalisateur le plus préféré, Jean Rollin. Elle participait dans tous (ou au moins la plupart) de ses projets cinématographiques et littéraires depuis les années 90’s. Véronique était photographe de plateau, assistante du réalisateur et a même fait trois apparitions comme actrice dans ses films.

Aujourd’hui Véronique est la gardienne principale de souvenir du réalisateur culte. Elle gère le site web extensif, très informatif, et très beau, créé par elle-même.

Véronique a gentiment accepté ma demande de partager avec vous quelques souvenirs de son travail avec Jean Rollin, et surtout quelques anecdotes tellement amusantes et étonnantes.