Le problème est que sur un tournage aussi agréable soit-il, l’on passe beaucoup de temps à attendre. Je me suis retrouvée affublée de ces trucs à porter à force de mes bras, je souffrais terriblement par le poids du truc.
Une petite apparition de Jean Rollin dans le film
Le film a eu plusieurs prix dans différents festivals en France et à l'étranger.
Et je me rappelle que les fans demandaient à Jean et à moi, où se trouvaient les ailes en question.
J’avoue l’ignorer moi-même, mais c’est un tel mauvais souvenir pour moi que je ne m’en souciais guère même
encore aujourd’hui.
Cela serait à refaire aujourd'hui, je ne pourrais pas.
Ci-dessus,
Alexandra Pic et Isabelle Teboul dans le rôle des
Deux orphelines vampires
Ci-dessus, Jean Rollin
en repérage avec une partie de l'équipe technique au
Cimetière d'Epinay-Champlâtreux
Ci-contre, Jean Rollin
Cimetière du Père-Lachaise
Ci-dessus
Isabelle Teboul et Alexandra Pic
les deux orphelines vampires
dans le petit cimetière
d'Epinay-Champlâtreux.
Ci-contre, Anne Duguël brandissant une bouteille d'alcool dans les couloirs du château de Noailles, qui nous servait de décor de l'orphelinat des Glycines pour le film
Les deux orphelines vampires
Mais l'effet de l'alcool paradoxalement, m'a aidé un temps à supporter le froid et les douleurs que j'éprouvais aux mains et au dos dû au poids des ailes de Sylvain Montagné, notre chef décorateur sur ce film.
Nous avions une régie, mais de temps en temps, nous nous permettions un petit coup. J'ai saisi cet instant ou Gudule [Anne Duguël], avait apporté une bouteille de JB. Natalie Perrey n'a trouvé rien de mieux que de m'en servir un verre, j'étais complètement ivre, je ne bois habituellement jamais d'alcool.
Ci-dessous ; Sylvain en train de me modifier les mains pour ses ailes de chauve-souris.
C'est comme ça, en portant ce poids des ailes créées par Sylvain Montagné que j'ai eu mes 3 vertèbres lombaires de cassées qui sont à ce jour, toujours fêlées. Le décor de la cripte souterraine du château était glaciale, bien que nous tournions en juin/juillet 1995 et qu'il faisait chaud.
Le petit cimetière d'Epinay-Champlâtreux
Une belle édition faite par les allemands d'un livre grand format sur le thème du film
Les deux orphelines vampires
avec un CD audio de la musique du film de Philippe d'Aram.
Malheureusement, les ailes sont restées comme ça.
Arrive le jour du tournage. Cela ne me plaisait pas évidemment de subir encore un truc louche, mais, bon, pour Jean j’ai accepté, je ne lui refusais pratiquement rien.
Je lui dit « t’inquiète pas, je viens », je travaillais sur mes photos ou sur une couverture de livre.
Jean oubliait souvent que je n'étais pas douée d'ubiquité, je ne pouvais pas me couper en deux.
J’arrive chez Jean, et je me souviens qu’il avait l’habitude de poser sur le fauteuil éléphant en face de lui, les papiers qu’il ne gardait pas quand il faisait son courrier.
Nous voilà donc à chercher le chèque partout.
Je lui demande enfin si par hasard, il n’aurait pas jeté des papiers à la poubelle…
Nous descendons en toute hâte dans les sous-sols du bâtiment et nous dirigions vers les poubelles.
Depuis l’ouverture placée haut ou se déversaient les ordures de tout le bâtiment pendait un petit bout de papier, seul, il s'accrochait de ses petites lettres au rebord du conduit d'évacuation, attendant que quelqu'un veuille bien le décrocher de là ; c’était le chèque de 60 bâtons de Film Office.
Il fallait donc attraper le chèque avant qu’il ne disparaisse définitivement dans les limbes des poubelles.
Les plans galères à Jean. Nous avons alors l’idée de retourner une poubelle et de grimper dessus, moi en l’occurrence, Jean tenait de son côté le container à poubelle tout en surveillant qu’il n’y ait pas le gardien qui pointe son nez. Mais ce n’était pas encore assez haut. A force de sauter sur la poubelle, nous avons finalement réussi à décrocher le chèque vénéré pas trop sali et courir à la banque pour le déposer en sécurité sur le compte société de Jean.
Ça ne s’invente pas.
Il y en a jamais eu qu’un seul ; c’était mon Jean Rollin alias Le petit Maître.
Quand le film a été terminé, et acheté par Canal +, Le Groupe Lagardère a rétrocédé les droits vidéo du film à Jean. Il a touché un gros chèque ce qui a permis de financer le film suivant : La fiancée de Dracula.
Il lui est arrivé bien sûr une mésaventure.
Jean me téléphone affolé en me disant qu’il avait perdu le chèque en question : environ 60 briques.
Authentique.
Le risque encouru est que je peux me retrouver dans un fauteuil roulant n'importe quand, avec mes trois vertèbres fêlées.
Cet épisode de la chauve-souris est vraiment un très mauvais souvenir pour moi.
Pendant le tournage, c’est moi qui allais chercher Jean en dialyse. Un jour, pas de bol, il se cogne une hépatite. Et ça en plus de la dialyse, il était vraiment épuisé. Les membres de l’équipe de tournage étaient admiratifs du courage de Jean face à ses soucis de santé. J’entends encore son médecin néphrologue lui dire qu’en cas de soucis, il devait revenir à l’hôpital. Le médecin s’adressant à moi, me dit la même chose, et pendant ce temps-là, Jean me filait des coups de pompes pour que justement je ne le ramène pas, même en cas de tuile. C’est là, que mon levier de vitesse a rendu l’âme quand nous sommes partis rejoindre l’équipe de tournage à Champlâtreux.
C’est la raison pour laquelle, dans le film, je ne fais que réciter le dialogue. J’en voulais à Sylvain d’avoir fabriqué ça, sans avoir pris en compte les avertissement de Jean et de moi-même concernant le poids de ces ailes.
Mais aujourd’hui, je ne lui en veut plus, depuis longtemps.
L’important est que Jean ai eu la scène et les images qu’il souhaitait.
Je figure sur l’affiche du film à la demande de Jean, car c’est moi qui ai monté l’affiche et l’affichette,
et l'on peut voir que sur la photo, je ne souris pôs.
Et là horreur. Malgré l’aide discrète des deux comédiennes, trois de mes vertèbres lombaires lâchent et se cassent dans la longueur. Isabelle et Alexandra, doivent encore s’en souvenir pour en avoir entendu le bruit sourd. Pour ma part, je souffrais le martyr. La douleur a tendance à me mettre en colère, mais pour Jean, je ne pouvais pas lui fusiller la scène qu’il souhaitait, tant. Jean a vu qu’il y avait quelque chose d'inusité, qui n’allait pas. Je lui dis ne pas me sentir très bien et il a fait tout son possible pour écourter la scène et faire que je sois débarrassée au plus vite de ces maudites ailes trop lourdes.
Et puis, deux grands costaux de l’équipe m’ont perchée sur l’autel de la petite chapelle à Champlâtreux où se déroulait une partie des scènes. Je devais ensuite descendre de ce perchoir, mais ne pouvant pas sauter, l’on m’a redescendue de là, et Jean à raccordé dans le mouvement. Je devais ensuite descendre la travée centrale de la chapelle, suivie des deux comédiennes Isabelle Teboul, qui tenait le rôle d’Henriette et Alexandra Pic, celui de Louise, les deux orphelines vampires, et les mener dans la crypte souterraine repère de la chauve-souris.
Il y avait quelques marches à descendre.
Nous nous sommes rendus chez Gudule [Anne Duguêl] et Sylvain pour les essayages. Mais le truc était vraiment très lourd et je le signifiais à Sylvain. Même Jean, le lui avait dit, car en cas de déplacement de ma part, même sur une courte distance, cela serait difficile pour moi.
Il n'y a qu'une chose que je n'ai pas aimé ; mais vraiment pas ; j'y ai laissé trois vertèbres lombaires sur le tournage.
Une fois de plus, Jean avait eu l’idée satanique de me faire tourner dans le film. Ah, non, cela ne va pas recommencer, me suis-je dit. J’avais subi coup sur coup à un an d’écart, des interventions chirurgicales osseuses, fort douloureuses aux deux pieds. Je ne pouvais donc pas courir, ni sauter, ni porter du lourd. Bref, Jean voulait me voir dans le film en chauve-souris. Je me confectionnais une tenue et c’est notre chef décorateur,
Sylvain Montagné, hélas disparu depuis peu, qui était en charge des ailes.
Quel cauchemar. J’avais demandé à Sylvain, de ne pas faire un truc plus lourd que mon propre poids.
Il fabriqua deux immenses ailes de chauve-souris avec du latex, du tulle et des barres de coffrage.
Pour les non initiés, les barres de coffrage sont des barres métalliques torsadées utilisées dans un coffrage en bois pour monter des voiles ou des murs en béton armé en bâtiment.
Je me souviens que notre partenaire financier était le Groupe Lagardère pour le film.
Le film est sorti en vidéo VHS à cette époque chez Films Office qui faisait partie du groupe.
Je dis un bon souvenir, car nous avions une très bonne équipe qui par la suite, est restée la même, jusqu'au dernier film ; Le masque de la Méduse à une ou deux exceptions près, nous nous entendions tous très bien.
Un bon souvenir que ce tournage, mais difficile pour Jean Rollin, et pour moi aussi.
Il était dialysé depuis deux ans déjà, et il fallait composer avec. C'est d'ailleurs en 1993, lorsque nous préparions ce tournage avec tous les aléas que comporte la recherche de financements de ce tournage que je lui ai fait prendre un petit ordinateur portable, un petit Macintosh PowerBook 150. Je savais Jean réfractaire à l'informatique, mais je n'avais pas mesuré alors, à quel point c'était.
Je lui avais dit que puisqu’il savait écrire ,et qu’au lieu de rester à se morfondre et à s’ennuyer pendant les longues séances de dialyse,[environ 4 heures], il allait mettre à profit ce temps pour écrire. C’est comme ça que Jean Rollin s’est mis à l’informatique, et a écrit le scénario du film
Les deux orphelines vampires
et tous les autres livres et scénarii par la suite.
C’est moi, qui par la suite conformais les textes.
En plus de la dialyse, il s'est pris une hépatite virale pendant le tournage. Sur certaines des photos, on peut l'apercevoir allongé dans un lit de fortune.
Jean Rollin a été engagé comme auteur et directeur de collection chez UGE Poche Fleuve noir et c'est aussi là, que je fis la connaissance de mon ami Raymond Audemard, qui y était comme directeur de collection.
Raymond joue le rôle de l'épicier dans le film
Les deux orphelines vampires.
Le petit cimetière d'Epinay-Champlâtreux, au charme désuet.
Nous avons tourné les films
Les deux orphelines vampires en 1995 et La fiancée de Dracula en 1999.
Ce petit cimetière accolé à la petite chapelle a bien changé aujourd'hui.
Il me semble que le cimetière a été agrandi. Il ne présente plus cet aspect qui avait tant plus à Jean Rollin.
Le décor du Château qui a servi pour Les deux orphelines vampires pour le décor de l'orphelinat des Glycines était situé tout à côté et nous avions également la chance d'avoir un petit restaurant où nous déjeunions ou dînions à côté de la chapelle.
Bienvenue
sur le site officiel français dédié à
Jean Rollin, cinéaste-écrivain
03 novembre 1938 - 15 décembre 2010