Ceci étant, Jean avait écrit par la suite un nouveau projet qui s'intitulait Le retour de Dracula qu'il a proposé à France 3 de l'époque pour une série télévisée. C'était son ami Pierre Dubois qui travaillait à France 3 Rennes qui lui avait suggéré de proposer ce projet auprès de la chaîne de Télévision. C'est de cette façon là que j'ai réellement vu ce que c'était d'être à la recherche de financements pour la fabrication d'un film. Cela se passait en 1991, 1992. Juste avant de faire le tournage du film Killing Car.
Un jour, Jean rencontre un monsieur qui travaillait dans une banque, dont j'ai oublié le nom, ainsi que celui du monsieur en question. Jean me demande de l'accompagner. D'ailleurs, nous étions toujours ensembles. Nous nous rendons dans cet établissement bancaire Porte de Sèvres. Jean discutait avec ce monsieur, et j'étais présente dans le bureau avec.
Le monsieur me regardait avait insistance, mais pour ma part, je considérais que cela ne portait pas à conséquences, ne calculant par nature jamais ce genre de chose. Jean et le banquier échangent leurs coordonnées, et le monsieur tenta d'obtenir les miennes, que je ne donnais pas évidemment.
Ce monsieur tenta vainement sans succès de me contacter via Jean Rollin. Je voyais nettement que ce banquier menait Jean en bateau en lui promettant des financements qui ne viendraient jamais. Cela m'a énervé. Jean à qui je ne cachais rien, je lui dis ce que je ressentais à ce propos, et il commençait à se ranger à mon idée. Quand Jean s'est aperçut que ce monsieur ne tiendrait jamais ses engagements, il m'est venu une idée satanique.
Nous avons Jean et moi, été faire un repérage photos.
Nous avons trouvé un petit cimetière parisien et il me demande de prendre des photos de poubelles dans lesquelles se trouvaient des fleurs et couronnes fanées et pourries odoriférantes, et l'idée germa dans ma tête.
Nous étions très remontés contre ce banquier. Je décidais en rentrant chez moi de passer par un grand cimetière proche de mon domicile. Et là, je demande au vendeur, s'il n'aurait pas dans ses stocks à jeter, une couronne mortuaire pourrie qui cogne bien.
Le gars a vue le truc arriver et rentre dans mon jeu. Je lui explique alors, que j'avais l'intention d'envoyer une couronne mortuaire de fleurs fanées à un individu, banquier de son état, pour l'enterrement de son postérieur.
Le vendeur trouva l'idée amusante et me trouva une couronne mortuaire de fleurs pourrie que je lui proposait de payer évidemment, ce qu'il refusa, il me demande en outre, s'il y avait une banderole a appliquer dessus, je lui réponds que oui.
A son défunt postérieur qu'il repose en paix… Le vendeur trouvait l'idée tellement drôle qu'il ne me fit pas payer le truc, et me proposa même d'en faire le dépôt, mais je lui signifiais alors que c'était quand même dans une banque à Porte de Sèvres.
Il accepta. J'obtenais de Jean Rollin, les coordonnées de l'indélicat banquier et je fis donc porter une couronne mortuaire de fleurs pourrie à l’odeur suave de poubelle au banquier pour l'enterrement de ses fesses et de sa connerie.
Jean a eu des nouvelles du banquier qui n’était pas très content, je crois. Jean avait une envie de rire terrible, mais dans ce genre de situation, il se devait de se contenir…
Nous n'avons, ni Jean Rollin ni moi, plus jamais entendu parler de ce banquier peu scrupuleux.
Vint ensuite le projet du tournage du film Killing Car.
Nous avons fait la connaissance d'un vendeur de films qui est devenu depuis un ami, hélas disparu aujourd'hui ; Michel Gué.
Michel Gué proposa à Jean une affaire.
Il y avait un dossier complet sur un projet de film, mais il n'y avait pas le film lui-même.
Jean accepte le projet, je me retrouve donc en plus de photographe de plateau, assistante du réalisateur.
Cela a été bénéfique comme expérience car c'était sur le tas que j'ai appris, ce qui ne m'a pas semblé véritablement compliqué, sachant que Jean ne travaillait jamais avec de découpage et il m'en avait expliqué les raisons évidentes.
Ce qui paradoxalement m'avait facilité la tâche, car c'est avant tout une question de bon sens ; lire le scénario et en retenir les plans, les scènes. Mon métier de photographe m'a beaucoup aidé dans ce sens.
Ce tournage du film Killing Car s'est fait sur Paris, la banlieue parisienne et à Viglain en Sologne.
Tournage difficile, fait en quinze jours sur novembre 1992 par un froid sibérien et cinq jours en janvier 1993 pour les scènes raccord.
Les acteurs qui n'en étaient pas pour la plupart, étaient du précédent tournage Détectives de charme et c'étaient surtout des mannequins. Mis à part une amie à moi qui a fait une silhouette.
Pour trouver les décors, cela a été épique à plus d'un titre et parfois dangereux. Quand Jean trouvait un lieu qui lui plaisait, c'était à l'arrache. Par exemple, le décor d'un pont en bordure de l'autoroute A4 après la porte de Bercy direction Créteil, Jean m'a fait arrêter sur la bande d'arrêt d'urgence. Je lui disais alors que la sortie n'était pas bien loin et que nous pourrions y accéder sans difficulté de façon plus sereine. Et bien non, c'était là qu'il voulait s'arrêter, je n'était pas sereine… Quand on sait que d'être sur la bande d'arrêt d'urgence de cette autoroute, c'est en principe 20 minutes de survie maximum…